POUSSER – PRODUIRE – PERFORMER : les vœux d’Alain Richardson, ancien Président de la Collectivité
POUSSER – PRODUIRE – PERFORMER :
2015, une année à saisir, une année à conquérir
Au-delà du rituel des vœux et des bonnes résolutions, le début d’une nouvelle année, doit être un moment d’analyse, de réajustement et de recadrage pour se mettre en action. En ce début d’année il me plait d’affirmer que 2015 devra être placée sous le mot d’ordre des 3 P : POUSSER – PRODUIRE – PERFORMER (PUSH – PRODUCE – PERFORM).
Que dire de 2014 ?
- Il est manifeste, que d’un vue social et sociétal 2014 a été une année d’accélération du délitement du tissu social et de fragilisation des fondements même de la société St-Martinoise (accroissement du chômage, forte paupérisation, désocialisation de plus en plus de jeunes, violence de toute sorte, etc…). En un mot 2014 a été une année de régression car notre société ne s’est pas grandie et ses problèmes n’ont pas trouvé de solutions pérennes.
- Il est manifeste aussi, que d’un point de vue politique, 2014 a été une année de capitulation. En effet, aucun des combats (pourtant indispensables) n’a été mené et la force et la conviction nécessaires ont faits défaut. De ce fait, aucune avancée et aucune victoire n’ont été acquises dans les domaines :
- de la défense des intérêts de la COM face à l’Etat, qu’il s’agisse en matière de dotation de compensation des transferts de compétence ; en matière de reversement des sommes dues à la COM (au titre de la compensation des pertes de recettes du fait de l’application de la règle des 5 ans, du reversement des sommes perçues au titre de la taxe sur les jeux, etc..) ; il a été de même en matière d’application sur notre territoire (au bénéfice des entreprises) des mesures nationales de baisse du coût du travail (celles financées par le Crédit d’impôt pour le compétitivité et l’emploi (CICE) ; en matière de justice aussi (pas de création du Tribunal de Première Instance TPI, pas d’attribution des moyens humains et matériels qui font défaut, pas de reprise du dossier de création d’une prison) ; qu’il s’agisse aussi de la révision nécessaire du niveau des enveloppes de fonds européens (feder, fse, etc.) pour la période 2014-2020 par la prise en compte des besoins réels, du retard et des handicaps de notre territoire ;
- du respect par les services fiscaux de l’Etat de leurs obligations en matière d’application et de rendement de la fiscalité (par notamment la mise à jour du fichier des entreprises actives, l’identification des redevables négligents et ou récalcitrants en matière de TGCA, etc.)
- du maintien et de l’amélioration des équilibres financiers et budgétaire de la collectivité afin de maintenir un niveau de crédibilité mais aussi afin de dégager des marges de manœuvres indispensables pour financer de véritables politiques publiques et des projets économiques, sociaux, éducatifs, sportifs et culturels indispensables.
Malheureusement sur tous ces points c’est l’échec et la capitulation qui caractérisent au mieux la réalité des choses. Pour preuve les mesures fiscales contreproductives prises au 4ème trimestre 2014 pour ralentir l’hémorragie financière et budgétaire causées ces derniers mois par l’abandon d’une gestion rigoureuse mais aussi par une augmentation inconsidérée des effectifs. Ces mesures nuisent à la compétitivité de notre économie et rognent encore un peu plus sur le pouvoir d’achat des ménages (doublement uniforme taux de TGCA, taxation à 30% du revenu de solidarité active, doublement de la taxe sur le carburant, etc.). Sous la pression l’exécutif de la COM a flanché et des mesures qui jusque-là avaient été jugées inacceptables par la majorité de Conseil Territorial ont été adoptées. 2014 dure, dure pour SAINT-MARTIN.
- Que dire du niveau atteint en 2014 par les problèmes d’insécurité causée par l’explosion des faits de délinquance, d’actes de violence (plus de 3 vols à main armée par semaine). Depuis le début de 2015, c’est quasiment un vol à main armée par jour.
- . (vous pouvez de vous-même compléter cette liste).
Au sortir de 2014, et compte tenu de la nonchalance et de l’inertie politique et administrative, on est en droit de se poser des questions quant à 2015. Pourtant j’affirme que 2015, est une année à saisir, une année à conquérir.
Le combat premier en 2015 doit être celui contre ces fléaux de société (délinquance, incivilité, violence et autres causes de l’insécurité et de la désocialisation) qui ébranlent notre société, pénalisent et détruisent son économie, écornent son image et menacent des vies. Il est possible de gagner le combat contre de tels fléaux par la mise en place de politiques et d’actions holistiques et fortes contre les sources mêmes de ces fléaux.
Aujourd’hui avec la multiplication et l’accélération des faits de délinquance, de violences et d’incivilité c’est une image de normalité et un sentiment d’acceptabilité que cela véhicule dans notre jeunesse que les valide. C’est une peur qui s’installe dans la population et un sentiment d’impuissance qui habite nos décideurs.
Il s’avère que ces faits sont commis pour l’essentiel par des jeunes en rupture de socialisation dont les causes se trouvent principalement dans l’échec familial, l’échec scolaire et par conséquent l’exclusion de la norme sociale et sociétale et par la perte des valeurs citoyennes. Tous ces évènements créent un moule de désocialisation et Oui notre jeunesse dans son ensemble est menacée.
Dans le cadre de la République il est dit qu’il y a 3 instances de socialisation : La famille – La rue – L’école.
Mais dans nos sociétés antillaises plus traditionnelles, et en particulier à SAINT-MARTIN, s’ajoutent à celles-là : La communauté (le village) – Le monde cultuel (les églises et leurs institutions).
Et le dernier qui a pour des générations joué un rôle majeur, c’est l’armée par le biais du service national. Oui, pour des générations de St-Martinois la famille, la communauté, les églises, l’école et l’armée ont été les excellents outils de la socialisation, la meilleure école de la citoyenneté et de la responsabilisation, mais aussi le centre de formation et de professionnalisation par excellence.
Le projet appelé « Le Parrainage » que j’ai proposé dans le programme électoral en 2012, est fondé sur la mobilisation de toutes ces instances en y apportant l’indispensable dimension humaine et de solidarité intergénérationnelle (le Parrain). Il s’agit en fait d’une politique holistique et forte qui permettrait d’agir efficacement et d’offrir à la jeunesse de ce territoire d’autres alternatives que celles de la délinquance, de l’oisiveté, de la drogue, des gangs. Les 2 institutions qui font défaut sont le centre de RSMA (Régiment du Service Militaire Adapté) et l’Ecole de la 2ème chance.
En 2015, si l’Etat ne veut pas que s’indigner du niveau de la criminalité à SAINT-MARTIN, et s’il veut agir efficacement pour y lutter contre en apportant des solutions pérennes aux problèmes que créent tous ces fléaux qui gangrènent notre territoire, il lui faut notamment :
- Revenir sur sa décision et donc créer en urgence à SAINT-MARTIN un centre du RSMA avec une capacité d’au moins 200 places (Régiment du Service Militaire Adapté).
- Rétablir le service national,
- Modifier sa politique pénale avec notamment pour tous les jeunes auteurs d’actes de délinquance et de violences la mise en place d’une peine de substitution « au sursis » qui serait l’option d’un engagement dans le RSMA, mais aussi la possibilité de conversion de certaines peines de prison en années d’engagement militaire,
- La participation au financement du projet de « Parrainage ».
Il est grand temps que la Collectivité sorte de son inertie et de son insipidité et qu’elle mette en œuvre (tel que je l’ai conçu et avec les budgets nécessaires) le projet de « Parrainage ». Fondé sur la mobilisation de toutes ces instances (en particulier : les familles, les communautés, le monde cultuel (églises et leurs institutions), et le RSMA.
2015, une année à saisir, une année à conquérir et donc personne ne doit accepter que notre territoire continue à être plongé dans une insécurité, dans des drames, dans des faits d’armes. Personnes ne doit se satisfaire de faire le constat annuellement du délitement du tissu social et sociétal et puis de compter les victimes.
En ce début d’année, j’ai pour vous et les vôtres des pensées les plus chaleureuses et sincères ainsi que des vœux les meilleurs. Mais tout cela resterait futile et de l’air chaud si de votre côté vous ne résolvez pas à Pousser, à Produire et à Performer (Push – Produce – Perform).
Alors, je vous souhaite la Santé et la Sérénité nécessaires pour saisir et conquérir 2015.
Alain Richardson, Ancien Président de la Collectivité.