Depuis qu’ elle a perdu son combat sur le terrain juridique ou des «titres de propriétés» ont prévalu sur une occupation de plus de quatre générations, Mme Minville a décidé de ne pas renoncer a son combat de plus de 15 années contre une expulsion programmée.
Contrainte de prendre acte d’une décision de justice défavorable, elle a décidé cependant de saisir l’opinion publique de l’injustice qu’elle subit quand bien même cette injustice n’a pu être corrigée par la force du droit.
Depuis quelques temps, Madame Minville a décidé de se battre… Elle a décidé de jeter ses dernières forces dans cette bataille qui l’oppose depuis plus de 15 ans à la société des hôtels caraïbes. Elle a à ces côtés ses fils, les habitants de Sandy-Ground et un grand nombre de saint-martinois dont moi qui demeure fidèle à mes engagements, fidèle à mes convictions pour l’encourager et la soutenir. Et même-si cela peut ressembler au combat de David contre Goliath, Mme Minville du haut de ses 82 ans, n’entend pas baisser les bras, n’entend pas abdiquer et sa détermination grandit jour après jour. N’étant pas moi-même homme de loi, je ne voudrais pas trop rentrer dans l’aspect juridique de cette affaire qui pose des questions juridiques complexes et qui sont toujours en suspend quant au vrai statut de ce que l’on appelle les 50 pas géométriques.
Mais d’évidence des questions simples se posent à moi et certainement à vous aussi : A qui appartient réellement ce terrain qui au fil des 60 dernières années passées , ont été vendus et ont changé de propriétaire à deux reprises ? Que vaut le titre de propriété que détient la famille Minville par sa possession quasi centenaire ? Dans le cadre d’une procédure dite « normale » qui respecterait le droit des gens?, pourquoi il n’a pas été proposé en priorité à Mme Minville d’acheter le bien ?, etc., etc. Bien au contraire, des ventes se sont faites dans son dos comme si elle n’avait aucune existence et ne comptait pour rien . On ne s’est intéressé a elle que lorsqu’elle a été « invitée » purement et simplement à quitter la terre sur laquelle elle a pris naissance, sur laquelle sont nés ses enfants, la terre sur laquelle elle a bâti sa maison, la terre sur laquelle elle habite depuis plus de 80 ans. Pour de nombreux saint-martinoises et saint-martinois, (de souche ou d’adoption), cela ressemble plutôt à une injustice à l’égard de cette famille. Comme beaucoup d’entre eux, et sans remettre en cause une décision de la justice qui a ses raisons,, je pense qu’il y a là une situation anormale qui froisse un certain sentiment de justice.
Au delà du droit, la raison devrait conduire a trouver une solution satisfaisante entre les deux parties autre que l’expulsion. Il s’agit là d une question de bonne volonté qui transcende toute décision de justice. Il y a toujours des ententes possibles après la discorde.
L’histoire de Mme Minville n’est pas un cas d’exception, il peut se reproduire, il se reproduira, je pense et crains que la population saint-martinoise devra faire face à un nouvel essor de difficultés en lien notamment avec l’occupation de terrains de l’espace dit des 50 Pas Géométriques. Je pense que de nombreuses autres familles saint-martinoises (parmi lesquelles, les plus fragiles) sont sous la menace elles aussi d’expulsion mais cette fois, ce sera par faute de suivi, de traitement et de régularisation de leur situation.
Malgré le silence inquiétant de certains médias et de certains responsables politiques locaux, cette affaire provoque bien l’indignation de la population saint-martinoise qui entend désormais se mobiliser fortement contre toutes les injustices, sous toutes ses formes.
A Saint-Martin, la situation se dégrade d’année en année et de jour en jour. La plupart de nos quartiers se ghettoïse doucement mais surement et face aux problèmes auxquels elle doit faire face quotidiennement, la population manque d’écoute, de réactivité et d’efficacité de la part des élus locaux. Et lorsque je me suis battu pour que soit mieux pris en considération la misère et la souffrance des familles confrontées à la lenteur et au laxisme des politiques face aux centaines de dossiers des « 50 pas » en souffrance, lorsque je militais pour la création d’une structure dédiée spécialement à la gestion, au traitement en profondeur de ces dossiers, et à leur solution qui ne devraient rien couter à la collectivité.
C’était principalement pour nous éviter ce qui arrive maintenant à la famille Minville; et ce n’est pas fini ! Non, c’est loin d’être fini !!!
La situation actuelle de madame Minville et celle de toutes les autres familles (plus de 800 dossiers) en attente depuis 2009, m’interpellent et appellent un regard différent des élus qui jusqu’à ce jour ne s’en préoccupent guerre. (Eux aussi font silence-radio). Cette affaire appelle un sursaut de réaction de la part des membres de la commission « 50 pas » que j’ai appelée de mes vœux qui a été créée en 2013 par Mme la Présidente qui aurait oublié de lui donner une feuille de route mais qui a surtout pris soin de m’en écarter. Pourquoi ? Allez le savoir !
Dans le cadre de cette nouvelle affaire qui touche de plein fouet Madame Minville et sa famille, j’entends prendre toutes mes responsabilités d’élu. En tant que saint-martinois et président de « True Hope for Saint-Martin » (qui a fait de la défense des intérêts de Saint-Martin et des saint-martinois son seul combat), j’invite le Vice-président Guillaume Arnell en charge de la préservation de l’environnement et du développement durable du territoire à se saisir de ces épineux dossiers qui gangrènent la vie de nombreuses familles. Aussi, je lance un appel solennel à tous les élus à se mobiliser pour la régularisation de tous les dossiers en souffrance.
« Lorsqu’une équipe politique (une majorité) n’a pas de politique sociale ni de politique publique, les hommes et les femmes qui la composent donc oublient d’entretenir les escaliers. Car ils ignorent que lorsque ‘’l’ascenseur social’’ tombe en panne, on peut toujours prendre les escaliers… ! ». Je le dis à qui veut bien l’entendre.
Jules Charville