Un comité s’organise autour de la famille Minville qui se considère spoliée de son bien
L’affaire est lourde, elle a été longue et le jugement est tombé en février 2014 : Madame Narcisse Odette MINVILLE, 82 ans, et Monsieur Jean-Albert MINVILLE, 86 ans, consorts MINVILLE Charles Léonel ont été condamnés en février 2014 à payer à la société des Hôtels Caraïbes :
- La somme de 116.200,00 euros à titre d’indemnité d’occupation entre le 25 mai 2000 et le 25 janvier 2014
- La somme mensuelle de 700,00 euros à titre d’indemnité d’occupation à compter du 25 décembre 2013, ce jusqu’à libération effective complète des parcelles
- La somme de 6000,00 euros sur le fondement de l’article 700 de code de procédure civile
- Et aux dépens qui seront recouvrés conformément à l’article 699 du code de procédure civile
Cette condamnation scelle surtout le fait que la famille Minville n’est pas propriétaire de ces parcelles qu’elle occupe pourtant depuis plusieurs générations.
Ayant épuisé tous les recours possible ou presque, la famille Minville a donc décidé tout d’abord d’adresser un long courrier soutenu à Madame la Ministre de la Justice et Garde des Sceaux mais surtout d’organiser un comité de soutien localement pour que ce cas, qui n’est à Saint-Martin pas isolé, trouve une tribune et le moyen d’être la pierre fondatrice d’un mouvement qui permettrait aux saint-martinois ou à certains saint-martinois de ne plus subir l’expression d’un droit commun qui n’a pas forgé le territoire et dans lequel ils ne se reconnaissent pas forcément.
L’affaire est complexe et nous ne rentrerons pas ici dans son détail d’autant qu’elle a trouvé conclusion dans ce jugement. Pour autant la lecture de la lettre de la famille Minville qui vous est proposée en pièce jointe résume bien leur position, le sentiment d’injustice et la conviction que d’avoir été spoliée d’un bien dont ils disent jouir depuis au moins 80 ans.
Quoiqu’il en soit, et si c’est effectivement une famille historique de Saint-Martin qui “subit” un droit commun qui n’a pas su intégré celui plus naturel qui s’exprimait avant lui, c’est surtout le sempiternel dossier des 50 pas géométriques qui refait surface concomitamment à celui des successions saint-martinoises qui peinent à trouver leur chemin.
Ainsi, Madame Jeffry entame-t-elle son discours par une courte phrase mais qui résume à elle seule la fracture qui existe aujourd’hui plus qu’hier entre Saint-Martin et la France via la Guadeloupe : “Et si Saint-Martin n’était pas français.”
La position de Madame Jeffry, toujours appuyée sur une histoire qu’elle connait mieux que beaucoup d’autres, est simple : le droit commun qu’impose la France à Saint-Martin est en total inadéquation avec le droit naturel qui a prédominait localement avant que l’Etat/la République/le Gouvernement ne décident d’y poser une administration en 1963. Avant cela, la représentation française était tout à fait légère puisque Saint-Martin n’était pas source de matière première ou de richesses antillaises pour le colon.
Quoiqu’il en soit, son discours vous est aussi proposé en message audio, nous vous en recommandons l’écoute, son contenu est tranchant, habité comme l’est Madame Jeffry et plein de références à une histoire qui échappe par trop souvent aux “nouveaux venus”.
Pour l’anecdote, rappelons que Madame Daniella Jeffry a été faite Chevalier de l’ordre national du Mérite en 2013, que les mauvaises langues y voyaient une volonté que de l’inviter à un peu de retenue verbale… Si effectivement Madame Jeffry a pu nous signifier qu’elle avait bien annoncé au Préfet sa volonté que ne plus s’investir politiquement, elle a aussi été claire à dire qu’elle serait toujours présente et active lorsqu’il s’agit de défendre son île.
En conclusion, parce que Daniella Jeffry assure que les saint-martinois de toujours se sentent eux aussi et ensemble agressés par cette décision de justice, comme un cri de ralliement, c’est un “Je suis Minville” qui est lancé.