Simulations de la dispersion atmosphérique du panache radioactif

F.L
Par F.L 20 Mar 2011 08:16

Simulations de la dispersion atmosphérique du panache radioactif

Simulations de la dispersion atmosphérique du panache radioactif formé par les rejets de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, entre le 12 mars et le 20 mars 2011.

L’IRSN a pu réaliser de premières simulations du panache radioactif de la centrale nucléaire de Fukushima.

Comparées aux mesures disponibles, elles permettent de confirmer les ordres de grandeurs annoncés par les autorités japonaises sur les émissions de radioactivité.

Les calculs de doses reçues par l’IRSN – en deux catégories les plus pénalisantes : corps humain entier et dose à la thyroïde pour un enfant de 1 an qui serait exposé sans aucune protection et en permanence – confirment que les mesures prises par le gouvernement Japonais sont correctes pour les zones éloignées de la centrale. Le panache radioactif sera détectable très loin de l’émission, jusqu’en France par exemple, mais sera sans effets anitaires.

D’après l’IRSN : « le panache radioactif aurait actuellement atteint le nord-est de la Sibérie, les Etats-Unis et l’ouest de l’atlantique. Il devrait atteindre la France à partir du 23 ou 24 mars. Les concentrations attendues à terme, d’après cette modélisation, pourraient être de l’ordre de 0,001 Bq/m3 en France métropolitaine et dans les départements d’outre-mer de l’hémisphère nord. Comme attendu, l’hémisphère sud n’est pas significativement affecté par cette dispersion à grande échelle. A titre de comparaison, les valeurs mesurées au cours des jours suivant l’accident de Tchernobyl dépassaient 100 000 Bq/m3 dans les premiers kilomètres autour de la centrale ; elles étaient de l’ordre de 100 à 1000 Bq/m3 dans les pays les plus touchés par le panache radioactif (Ukraine, Biélorussie) ; en France, les valeurs mesurées dans l’Est étaient de l’ordre de 1 à 10 Bq/m3 (le 1er mai 1986)Sur ce site, on peut trouver les mesures en temps réel de la radioactivité sur les balises en France.

L’IRSN explique que les valeurs de doses corps entier, «à partir desquelles des actions de protection sont recommandées sont de 10 mSv pour la mise à l’abri et de 50 mSv pour l’évacuation. En dessous de 10 mSv, le risque pour la santé est jugé suffisamment faible pour ne pas rendre nécessaires ces actions de protection. A titre de comparaison, la dose annuelle moyenne reçue en France due à la radioactivité naturelle et aux expositions médicales est de 3,7 mSv.» La simulation (visible ici sur le site web de l’IRSN) montre que seul l’environnement de la centrale atteint des doses entre 10 et 50 millisieverts. Cette zone a été évacuée avant les premières émissions, sur 20 km.

Pour les doses à la thyroïde (graphique), la simulation de l’IRSN (visible ici), une zone autour de la centrale peut avoir atteint les 50 millisieverts à partir desquels il est recommandé d’ingérer une pastille d’iode stable pour saturer la thyroïde et empêcher la fixation d’iode radioactif. Le gouvernement japonais vient de demander aux populations qui ont été évacuées de le faire. C’est un peu étrange : soit il fallait le faire dès le début car il s’agit d’une mesure plus préventive que curative, soit c’est inutile, voire risqué.

Il y a probablement un aspect de politique de communication dans cette décision, qu’il est difficile d’apprécier d’ici. C’est probablement aussi la conséquence de la publication, par les autorités japonaises, de premières détections de radioactivité due à l’émission de Fukushima dans du lait ou des épinards produits dans la région de Fukishima où se trouve la centrale nucléaire accidentée. Les niveaux relevés sont sans conséquences sanitaires, mais supposent une surveillance de tous les produits frais alimentaires et la destruction de tout ce qui est suspect. J’ai ici fait une analyse critique du classement de l’accident en niveau 5 de l’échelle INES par le gouvernement japonais (l’ASN française considère depuis le 15 mars qu’il s’agit d’un niveau 6).

Par ailleurs l’AIEA dispose désormais de moyens de mesures indépendants du gouvernement japonais, dont les résultats seront diffusés à tous les pays membres.

Au sujet de l’AIEA – son site web s’est brusquement réveillé il y a deux jours. Alors qu’il était jusqu’alors non pas muet mais vraiment avare d’informations, il donne désormais de nombreux détails. Son rôle devra être critiqué. En tenant compte du fait que son secrétaire général, le Japonais Yukiya Amano s’est probablement comporté plus en fonctionnaire japonais qu’en secrétaire général d’une organisation internationale. Toutes les informations que les Autorités de sûreté possédaient sont passées par l’AIEA. Elle pouvait donc mieux informer le public et la presse, ce qu’elle n’a pas fait jusqu’à avant-hier.

Voici-ci dessous un exemple de simulation réalisé par l’IRSN. L’Institut réalise de telles simulations en collaboration avec Météo France, toutes les deux heures, en suivant l’évolution de la météo.


Il a été possible de comparer les simulations à des mesures de l’iode-131 et du césium-137 réalisées à Tokyo. Elle montre un pic le 15 mars, puis une diminution importante. Entre la simulation et les mesures, l’accord est très bon pour l’iode-131. Pour le césium, la simulation donne un chiffre d’un peu plus du double de la mesure.

Je reviendrais plus en détail à la mi-journée sur la situation à la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi. Le dernier point fait samedi matin est ici. Mais, en résumé lapidaire :

► les personnels de la Tepco continuent d’essayer de mettre en marche les systèmes de secours des réacteurs avec l’alimentation électrique qui est enfin arrivée sur le site.

► Les arrosages massifs des piscines des réacteurs 3 et 4 ont permis de les refroidir et de diminuer la radioactivité sur le site. La Tepco annonce 2,6 millisieverts par heure au batiment administratif de la centrale qui est à 500 mètres de la zone la plus irradiante, le réacteur n°3. Autrement dit, il faudrait y rester près de 40 heures sans protection pour atteindre la dose de 100 millisieverts.

► Enfin, la Tepco annonce une opération de relachage de vapeur d’eau contaminée du réacteur 3 pour diminuer la pression. Durant cette opération, les personnels et les pompiers sont temporairement évacués du site afin de les protéger.

Source Sciences.blogs.liberation.fr Par Sylvestre Huet, le 20 mars 2011

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Par F.L 20 Mar 2011 08:16

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