Les voyants sont au vert
Le ministre de l’industrie et de l’énergie Eric Besson s’est récemment exprimé au sujet des écologistes et les a mis au défi de proposer une ou des solutions concrètes sur la radio RTL: “Il faut que ceux qui prônent la sortie du nucléaire disent exactement comment ils entrevoient cela et surtout quelles seraient les conséquences économiques, financières, sociales pour les Français”.
Contrairement au gouvernement japonais qui a récemment proposé à l’opposition une ouverture afin de sortir de la grave crise qui touche le pays, le ministre (pourtant adepte de l’ouverture) applique la bonne vieille méthode déjà opposée au parti socialiste en critiquant l’absence de projet concret et de solutions. Sauf que cette fois l’union semble être de mise entre les Verts…
Les catastrophes qui frappent le Japon offrent aux écologistes une tribune médiatique importante et leur permettent de faire entendre leur voix parfois étouffée lorsqu’ils mettaient en garde contre le pire. Et ce quart d’heure médiatique, même si les circonstances ne permettent aucunement de se glorifier avec des “on vous l’avait dit…”, les écologistes entendent bien en profiter en proposant des solutions et des pistes de recherches car l’opinion publique a l’air décidée à entendre et à écouter. La question prendra certainement une part importante dans le débat politique à un an des présidentielles et nul doute qu’une poussée écologiste se fera sentir, à condition que les solutions proposées soit à la hauteur des questionnements des Français. Le Grenelle de l’environnement qui était plongé sous un sarcophage de béton risque bien de se retrouver à l’air libre en ces premiers jours de printemps.
En réponse à Eric Besson voici certaines pistes envisagées par les écologistes pour sortir du nucléaire, cette énergie qui fournit environ 80% de l’électricité de notre pays actuellement.
Selon Cécile Duflot “Le risque de l’exploitation du nucléaire est tellement extrême qu’il faut choisir de développer d’autres énergies comme les énergies renouvelables et pousser simultanément à une politique d’économie d’énergie”, “le projet de sortie du nucléaire des écologistes consiste à la fois à former et à développer une industrie des énergies renouvelables, qui permet la reconversion professionnelle et de maintenir l’emploi, voire d’en créer dans l’industrie des énergies renouvelables”.
Pour Noël Mamère “Il faut mettre le paquet sur les énergies renouvelables, sur la recherche et le développement dans ces secteurs, qui restent très largement inexploités dans notre pays, à cause de la prééminence du nucléaire”.”Nous sommes dans une société de gaspillage et il est possible de s’orienter de manière forte vers une société de sobriété énergétique par la voie démocratique et consentie”.
Daniel Cohn-Bendit pense pour sa part que “Qu’est-ce que ça veut dire sortir du nucléaire en France ? C’est décider de ne pas renouveler le parc nucléaire et de ne pas prolonger les centrales”. Dany “le vert” estime par ailleurs absolument indispensable de consulter les français par le biais d’un référendum.
Yves Cochet, ancien ministre de l’environnement sous Jospin dévoile les pistes envisagées en matière d’énergies renouvelables:
Le gros hydraulique :
conserver, voire développer les grands barrages (objectif de produire 70 TWh en 2035).
Le micro hydraulique :
avec des petits barrages dans des ruisseaux ou des torrents, en prenant soin de ne pas perturber l’écosystème (objectif de 5 TWh).
L’éolien :
développer cette filière (objectif de passer de 10 à 100 TWh).
Le photovoltaïque :
(objectif de passer de 5 à 20-25 TWh).
La biomasse :
possibilité de produire de l’électricité avec la combustion du bois (objectif de passer de 5 à 20 TWh).
La géothermie profonde :
tirer de la chaleur en allant la chercher dans le sol.
Concernant le coût il s’élèverait à 300 milliards d’euros. À titre de comparaison entre 350 et 400 milliards d’euros ont été investis dans le programme électro-nucléaire depuis 1973 . Le coût avancé par Yves Cochet ne tient pas compte de la somme nécessaire au démantèlement et au “recyclage” des centrales et des combustibles…
“Le comportement doit être vertueux. Cela nécessite un effort citoyen mais la technologie peut aussi nous aider, avec par exemple des systèmes de lumière reliés à des détecteurs de présence. La fiscalité peut aussi inciter les gens à aller dans ce sens”, toujours selon Yves Cochet.
Des pistes à envisager assurément même si un changement de comportement sera absolument nécessaire afin d’une part d’economiser de l’énergie mais également d’en produire avec des moyens moins dangereux . La demande énergétique mondiale est assurée principalement par le nucléaire qui répond par ce biais à une augmentation constante de la population et de ses besoins. Sommes nous prêts à cette révolution verte et avons nous la volonté de l’accompagner ou l’obligation tardive de l’accepter avant que tout ne s’emballe à nouveau ? Il va également de soi que la mise au vert de la planète doit s’effectuer de façon mondiale car les nuages radioactifs ignorent les frontières contrairement à ce que l’on nous avait indiqué…On peut penser que, si ces dispositions avaient été prises après Tchernobyl (la durée estimée de sortie du nucléaire est de 25 ans…une génération), la Nature se serait probablement déchainée de la même manière mais les Japonais panseraient leurs douloureuses plaies et feraient le deuil de leurs innombrables pertes sans avoir à vivre dans la peur du lendemain jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée pour les réacteurs endommagés et les nuages qui s’annoncent…Avec des “si” on peut refaire le monde mais on peut également éviter de reproduire les mêmes erreurs car Fukushima risque bien d’être le dernier avertissement 25 ans après la plus grande catastrophe nucléaire de l’Histoire. Ce scénario digne d’une série de science-fission ne devra absolument pas comprendre de troisième saison. Les deux premières devraient nous avoir suffisamment fait peur pour sortir et respirer un grand coup. Pendant qu’il en est encore temps.
Laurent
Source : le post.fr
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