Lettre ouverte de Jules Charville, Conseiller Territorial indépendant, à François Hollande, Président de la République
Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République,
A Monsieur François Hollande.
Monsieur le Président de la République, soyez le bienvenu à Saint-Martin.
C’est toujours un grand honneur et aussi un grand privilège pour tous les saint-martinois de recevoir chez eux, à st martin , le premier magistrat de France
C’est pour nous un grand moment de bonheur , M le Président, que nous attendons depuis la dernière visite de M le président Jacques Chirac, il ya maintenant plus de 15 ans
Nous vous remercions d’avoir pris de votre précieux temps pour venir jusqu’à nous afin de vous rendre compte de vos propres yeux tout ce que vous avez pu entendre jusqu’alors sur notre Collectivité, et sur l’Île de St-Martin/St-Maarten.
Grâce à cette visite, vous pourrez mieux ressentir et apercevoir une réalité difficilement appréhensible de loin et comprendre ce que tous les propos tenus et toutes les explications fournies sur notre Ile ne peuvent toucher de près et qui fait pourtant notre vivante vérité .
Les rapports de mission, faits en quelques jours, ne peuvent vous dire notre réalité objective et encore moins notre réalité vécue
Je vous adresse cette lettre ouverte au nom de l’ensemble des membres et sympathisants de l’association « True Hope for St-Martin » que je préside depuis sa création en 2013
Ensembles, nous avons pris l’engagement de défendre par tous les moyens légaux, les intérêts de Saint-Martin et de la population saint-martinoise et ce, dans tous les domaines de la vie quotidienne. Nous entendons œuvrer pour l’intérêt général.
Monsieur le Président, Saint-Martin est en crise ! Saint-Martin derrière sa façade lumineuse est une société en profonde souffrance.
Passé du « moyen âge » à la modernité en moins d’un tiers de siècle, rien n’a été fait pour permettre à cette société de s’adapter.
Malgré le changement de statut, notre société qui n’y a pas été préparée, a perdu ses repères qui déjà faiblissaient.
La crise que traverse notre Collectivité depuis juillet 2007 est sans précédent. Elle n’a cessé d’avoir des conséquences douloureuses et désastreuses pour l’économie de notre territoire, pour le maintien des activités et des emplois, pour la stabilité sociale, et enfin, pour la protection d’ un grand nombre de familles saint-martinoises de la précarité et de la misère.
Et c’est sans aucun doute, votre fort attachement à nos régions et territoires d’outre-mer qui vous permettra de bien comprendre les problématiques qui concernent naturellement notre jeune collectivité de Saint-Martin, ses acteurs économiques et sociaux et sa population aujourd’hui en détresse.
L’Île de Saint-Martin, notre territoire donc, bénéficie d’un nombre incalculable de particularités dont elle souffre et qui aurait du en faire l’ile reine des Antilles françaises,
Saint Martin étouffe sous les difficultés et les handicaps que certains de nos élus et parlementaires avant nous, n’auront pas manqué de vous signaler à diverses occasions notamment au moment de la visite ici même de l’ancien Ministre des Outremers Monsieur Victorin Lurel.
Mais Monsieur le Président, toutes ces difficultés que nous rencontrons depuis que Saint-Martin a été érigée en Collectivité d’Outre-mer, multiplient tout un ensemble de contraintes qu’aucune autre collectivité ne connait:
- Une loi organique totalement inadaptée à notre projet de société et à notre positionnement géographique.
- Une organisation et une gestion administrative de l’Etat aveugles à nos spécificités
- Des coûts de transports domestiques, aériens et maritimes, exorbitants
- Une éducation (scolaire) depuis toujours inadaptée à nos réalités sociales et sociologiques et linguistiques
- Une situation migratoire très particulière
- Une situation économique catastrophique et une coopération avec les iles voisines en jachère
- , …
Et votre présence sur notre île nous donne l’occasion de vous soumettre les requêtes suivantes :
- Pour accompagner la relance économique et aider nos entreprises localesà se développer, sauver et créer des emplois:
Saint-Martin et St-Barthélemy n’ont jamais pu bénéficier des avantages du Plan Corail qui avait été mis en place par le gouvernement pour accompagner et soutenir les PME et les TPE domiennes très marquées par la grève générale de 44 jours en 2009.
Encore aujourd’hui le CICE (Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et L’Emploi) ne concerne toujours pas notre territoire pour cause, de l’Art 74 et notre compétence en matière fiscale,
nous demandons alors à votre gouvernement la mise à l’étude de la possibilité d’une dispense (totale) des charges sociales pendant au moins 3 ans. (le seul levier de charges que notre collectivité ne peut actionner).
- Sur le plan de l’éducation, de la formation et de l’enseignement supérieur : Nos jeunes sont amenés à quitter leur île et leur famille de plus en plus jeune après l’obtention du BAC (dès 17-18 ans) ; faute de choix, par manque de disponibilité localement en matière de filière et de nouvelles formations. Nous demandons la mise en place de classes préparatoires (non privées) qui pourront préparer sur place, et pendant 1 ou 2 ans, les étudiants aux concours d’entrée dans les grandes écoles (dans les filières scientifique, littéraire, économique et commerciale, développement durable, Etc.) et dans les écoles d’ingénieurs.
Mais plus fondamentalement , le respect de notre langue qui est l’anglais et le droit de voir nos enfants avoir accès à une école en langue anglaise ou le français sera la langue accompagnatrice et non plus celle obligée de ‘l’accès au savoir et à l’éducation, accès qui pour nos jeunes anglophones se trouvent de facto barrée du fait de ‘l’obstacle linguistique qui a condamné jusqu’ici une partie de la population à une forme tue d’analphabétisme .
- En matière de délinquance (y compris juvénile) et d’insécurité :
Depuis de nombreuses années, nous assistons à Saint-Martin à une tendance à la « démission » aussi bien des parents que de l’Etat et de la société à l’égard du devoir d’élever, d’éduquer et d’instruire les enfants.
Et si la dotation en effectif de gendarmes et de policiers est singulièrement conséquente A Saint Martin,l’augmentation constatée du nombre de gendarmes, ne s’est pas traduite par une baisse de la criminalité, de la violence, de l’insécurité, ou encore moins de la délinquance juvénile ? Tout comme dans l’hexagone, et encore plus depuis les récents attentats et autres attaques de ces derniers mois, Saint-Martin a besoin de moyens pour prévenir la délinquance et la violence chez les jeunes, pour soigner les racines (les origines) du mal. Pour nos jeunes, la solution est la sortie du chômage obligé, une formation effective, et des perspectives d’avenir que n’offre pas aujourd’hui l’horizon obstruée Saint Martin.
la construction d’une nouvelle prison comme le préconisent certains, ou intégration RSMA ne sont que des fausses solutions et à courtes vues . Ainsi, nous demandons d’avantage de moyens et d’aides spécifiques pour l’école, pour la formation et pour l’apprentissage de nos jeunes.
Pour notre jeunesse, pour nos concitoyens et pour un vivre ensemble exempt des violences qui de plus en plus font notre quotidien, nous vous demandons, Monsieur le président De La République, de vous arrêter dans le grand flux des affaires que vous avez à traiter, quelques instants sur le destin de cette communauté et de son ile ,à 7000 Km de Paris qui n’aspire qu’ à vivre paisiblement et à être pour le monde entier ce qu’elle était encore il y a moins de trente ans , un paradis.
Monsieur le Président, Monsieur François Hollande, soyez le bienvenu chez vous.
Et permettez-nous de vous souhaiter un bon mini séjour chez nous.
Pour l’ensemble des membres et sympathisants de l’association « True Hope for St-Martin »
Jules Charville
Président de l’association
Et Conseiller Territorial