Saint-Martin : Absentéisme de l’éducation nationale, une maladie qui s’ignore mais par qui ?
N’en déplaise au ministère et même à l’ensemble de la population, l’absentéisme chez quelques profs à Saint-Martin est un mal qui ronge notre micro société. Une pathologie ne trouvant plus au fil du temps, le moindre traitement préventif, mis à part quelques placebos inutiles.
A la Savane, la cité scolaire flambant neuve pourrait laisser croire aux citoyens n’ayant ni enfant, ni relation directe avec le dur métier d’enseignant, que la vie est belle au pays du savoir, de la transmission et de la préparation du bac. Ce sésame nécessaire pour nos “ados” souhaitant faire quelques études supérieures “ailleurs” et revenir sur notre merveilleux caillou avec un vrai et beau métier est en danger. Ce magnifique complexe scolaire ne présentant que des avantages techniques pour une projection dans l’avenir de l’éducation de nos gamins aux dires de quelques élus en mal de pouvoir, ne peut pour autant fonctionner sans les spécialistes formés et formatés au délicat travail de la transmission du savoir relatif et absolu (j’espère que Werber ne m’en voudra pas sur ce coup..), mais surtout et avant tout « fidèle au poste ».
Ce qui me frappe l’esprit quotidiennement avec mon fils qui termine son cycle et passe son bac à la fin de cette année… c’est l’absentéisme chronique de certains profs !
Comment expliquer aux enfants qu’ils doivent travailler dur, qu’ils doivent “obéir” aux règles, si quelques uns de ceux qui sont censés transmettre ces valeurs ne sont pas capables du moindre effort ? Comment expliquer à son enfant qu’il doit “bosser” et trouver d’autres méthodes d’apprentissage pour étudier sa matière et qu’il doit faire abstraction de son prof “XYZ” qui prend régulièrement des jours de vacances supplémentaires autour des congés officiels. Un exemple ? Absent(e) une semaine avant les vacances de Noël puis une semaine après… voila une très bonne méthode pour avoir 1 mois au lieu de 15 jours de congés payés (plusieurs témoignages corroborent cette affirmation).
Malheureusement, ce n’est pas seulement sur notre territoire que cette maladie opère, et à la lecture de nombreux forums sur le sujet, étonnamment, l’éducation nationale connait bien ce problème d’absentéisme. Les uns contre les autres (profs, élèves, parents d’élèves) les discussions tournent vite au règlement de comptes, sans jamais soulever réellement le problème de fond et encore moins le reconnaitre.
Est ce la fainéantise, le laxisme et le je-m’en-foutisme d’une catégorie de professeurs, est-ce le chef d’établissement qu’il faudrait dans certains cas blâmer ? Est-ce le ministère lui-même ou alors les syndicats qu’il faut pointer du doigt ?
Les excuses sont le quotidien de quelques « traines-cul » qui revendiquent en priorité des droits avant même leurs devoirs, sans se soucier un seul instant de l’avenir des élèves qui semblent parfois passer vraiment au second plan.
On y trouve des histoires et des réflexions dignes d’un polar américain et de son sauveur à la cape, coiffé de son chapeau magique. Moi-même, issu du privé, autodidacte, fier descendant de la lignée des compagnons du devoir, j’arrive à faire des tours dans mon caleçon ( sans me toucher) à la lecture de commentaires de cette catégorie de profs qui revendiquent haut et fort leurs magouilles pour profiter du système.
C’est parfaitement révoltant mais bien réel… Pendant ce temps, les ados attendent qu’on leur explique pourquoi ils vont devoir travailler comme des dératés pour réussir dans la vie, ou du moins, tenter de réussir.
En même temps, pour ceux qui sont au feu, et heureusement en grande majorité, j’oserai dire, les profs de “combats”, ceux qui s’arrachent les tripes pour faire leur métier, avec des moyens dignes de la préhistoire, dans des environnements parfois hostiles et dangereux et souvent accusés à tord d’être des profiteurs, doivent aussi avoir du mal à trouver le sommeil certaines nuits. On peut aussi comprendre qu’ils ne peuvent quant à eux, accepter d’être stigmatisés de “bon à rien” lorsqu’ils sont en phase avec leurs responsabilités et fiers de leur métier. Il faut certainement de ce coté travailler en interne, avec les syndicats, avec les chefs d’établissement, avec les services de l’état pour redonner toute la dignité à ce métier d’enseignant absolument indispensable à notre société . Ils sont les garants de l’avenir de notre jeunesse.
Les institutions ont aussi un rôle à jouer. Mais de ce côté, la gangrène aurait peut être gagnée quelques décisionnaires du système à en croire d’autres témoignages. Les chefs d’établissement sont pointés du doigt par quelques syndicats et profs. Concernant Saint-Martin et la cité scolaire, je me laisse le droit de ne pas toucher ce volet sensible au risque de déplaire. Je vous le dis ici, je préfère parfois “botter en touche” que de prendre seul les coups après chaque sursaut de conscience citoyenne. Je vous laisse votre rôle de lecteur pour commenter ce volet.
Continuons ce résumé sarcastique et regardons du coté des politiques, qui sont, il faut le rappeler, élus pour assumer des tâches en relation directe avec la vie quotidienne des citoyens et d’assurer, en même temps, le développement de la collectivité dont ils ont la charge. “L’avenir de notre pays c’est la jeunesse” ! Slogan reprit par tous les candidats aux élections territoriales de 2012. On peut alors se demander si tout est mis en œuvre du côté de nos politiques pour appuyer les établissements scolaires et l’éducation nationale dans leurs taches.
“La délinquance commence dans la rue quand les jeunes sont déscolarisés“ pouvions nous entendre au détour d’un podium des futurs prétendants au siège du roi. Cependant, ne soyons pas trop dur avec nos élus, parfois les promesses accouchent de quelques beaux bébés, il est vrai que la cité scolaire est sortie de terre pratiquement dans le délai prévu et sans faire d’humour, aux heures de pointe du matin ou de fin de journée, il est rare celui ou celle qui ne c’est pas rendu compte de sa position géographique sur le territoire.
Concrètement, comment va se passer le bac de Juin 2016 pour les élèves n’ayant pas eu ou très peu, tel ou tel prof dans des matières à fort coefficient ? Imaginez l’état d’esprit des élèves qui ont choisi des matières en option et qui n’ont eu pratiquement AUCUN cours cette année ? Comment expliquer que certaine matières INCONTOURNABLES soient plombées par l’absence chronique d’un enseignant ? Comment ne pas réagir quand un “prof” explique à ces élèves qu’ils ne doivent pas attendre les professeurs absents mais travailler eux même ? Pour faire simple, se démerder…
Ces nombreuses questions ne sont malheureusement pas la seule réalité dans le monde difficile de l’éducation de nos enfants à Saint-Martin. Il faut croie qu’en métropole le même constat apparait dans de nombreux établissements avec cependant une différence, qui est peut-être, aux dires de quelques parents d’élèves le tiercé gagnant les +40% de majoration, le soleil et la plage… Cela n’engage que ceux qui l’affirment mais il y a certainement une part de réalité.
Alors quoi, que faire ? Dire, dénoncer, revendiquer, ne pas s’avouer vaincu par ce système nauséabond, ni pas ceux qui “pompent” le système comme une sangsue. Certains citoyens sont capables de prendre en otage des centaines de personnes à la Baie orientale pour une histoire de loyer commercial, Mais étonnamment, il n’y a personne pour poser la moindre poubelle au milieu de la route en demandant au ministère de l’éducation nationale de prendre ses responsabilités. Personne ou si peu, pour inonder de courrier les services en Guadeloupe et faire bouger les quelques glandouilleurs qui se soucient plus de leur camping de Pâques que de l’avenir de nos gosses. Qui est responsable ? L’état ? les profs ? Les parents d’élèves ? Les enfants ? Tous ?
Encore une fois, loin de moi la tentation d’attaquer l’ensemble du corps enseignant, cela serait inacceptable et non fondé. Mais, comme dans tout système organisé, quelques individus posent problèmes et arrivent à gripper les rouages d’une mécanique complexe jusqu’à la stopper. Tout en renouvelant notre confiance et notre soutien à ceux qui travaillent durement et honnêtement, il est juste de dénoncer les pratiques inacceptables. Juste de combattre ces verrues qui polluent l’avenir des élèves et s’inquiéter de la tournure que prend tout le système de l’éducation de nos enfants.
Une simple idée aussi soumise par un enseignant joint au téléphone. Publier quotidiennement la liste des absences via le logiciel IPROF. Cette idée très intéressante mettrait en avant la réalité de l’absentéisme, estimé à environ 6% du corps enseignant et préserverait aussi le véritable engagement de la grande majorité de ceux-ci. À vos captures d’écrans !
Saint-Martin souffre de plusieurs maux, bien connus. L’absentéisme des enseignants en est un d’importance. Traitons-le avant qu’il ne soit trop tard, avant que les enfants eux-mêmes ne jettent l’éponge. Qu’on se le dise…
Florent Letuvée, parent d’élève de terminale