Canular numérique : la démission de Valls annoncée par un faux Figaro

F.L
Par F.L 6 Juil 2016 22:05

Canular numérique : la démission de Valls annoncée par un faux Figaro

Et hop, beaucoup d’internautes ont bien cru que leur rêve venait de se réaliser ! À la une du Figaro, un article Choc affirme que le Président François Hollande renonce à la loi travail et que, cerise sur le gâteau, Manuel Valls démissionne dans la foulée !

Publié très exactement à 08h52 ce mercredi matin, l’article fait plus vrai que nature, le site aussi… Pourtant, il ne s’agit que d’un canular, d’un “faux” site, du moins, d’une fausse page puisque aucun autre lien ne fonctionne pour trouver une autre pépite du même type. Les liens et bannières présents sur la page sont cependant fonctionnels et renvois réellement sur les rubriques et autres pages du “vrai” Figaro.

capture02Le nom de domaine www-lefigaro.com enregistré le 20 juin 2016 ne nous informe pas sur le propriétaire de celui-ci. Nous avons tenté de contourner les protections techniques, en vain, cela ne nous a pas permis d’identifier son propriétaire, ni même d’avoir la moindre piste.. Au vu de la qualité de l’article, du travail technique sur la page et des efforts pour cacher la véritable identité de l’arroseur, nous sommes en face d’un nouveau type de canular qui pourrait bien avoir des effets particulièrement importants sur d’autres sujets sensibles.

Il est effectivement relativement facile de nos jours de créer un “buzz” avec des fausses informations, l’internaute nous a souvent démontré qu’il ne lisait que le titre, souvent “choc” (les auteurs ont bien compris comment utiliser les mots pour émoustiller ou amorcer l’intérêt du lecteur) et que celui-ci, partageait instantanément ces articles fantaisistes sur les réseaux sociaux.

captureLe Gorafi “surf” sur cette mode du “je partage tout et n’importe quoi” en produisant du contenu totalement faux. Le succès de ce genre de média est bien la preuve s’il en faut, qu’il est facile, avec un peu de talent et d’astuces techniques, de faire croire, un certain temps du moins, n’importe quoi à n’importe qui.. Ou presque…

Le figaro décline toute responsabilité de ce canular particulièrement bien orchestré. Reste à savoir à qui profite le crime !

La page visible encore sur la toile : http://www-lefigaro.com/politique/2016-07-06/hollande-retire-la-loi-travail.html

L’article ci-dessous dans son intégralité, avant que la page disparaisse…

François Hollande renonce à la loi travail. Manuel Valls démissionne dans la foulée.

Manuel Valls. Crédits photo : BERTRAND GUAY/AFP

Manuel Valls. Crédits photo : BERTRAND GUAY/AFP

Coup de tonnerre à L’Élysée: François Hollande annonce par communiqué, ce mercredi matin, le retrait du projet de loi travail. Manuel Valls, dans la foulée, dépose sa démission. Analyse.

C’est un retournement tout à fait inattendu dans l’épopée de la loi travail : François Hollande annonce le retrait total du projet de loi par un communiqué de presse. Il s’exprimera ce soir sur France 2, devant les français, pour expliquer cette décision.

Dans la foulée, Matignon a publié la démission de Manuel Valls, conformément aux menaces qu’il avait proféré en mars dernier.

Analyse

Impossible de ne pas lire, dans ce coup d’éclat, une manœuvre politicienne du chef de l’état, lui permettant d’endiguer sa chute de popularité, avant l’élection de 2017.

Loi travail : Ultime trahison pour les électeurs de gauche

Ce projet de loi, dès son annonce, avait soulevé une vague de protestations sans précédent :

74% d’opinion contre la loi travail
• Une pétition historique, ayant récoltée 1.3 millions de signatures en moins de deux semaines, soit 13 fois le seuil requis pour le déclenchement d’un référendum d’initiative citoyenne en Suisse
• Un mouvement social de fond avec la tenue des Nuit Debout dans toutes les grandes villes de France, pendant plus de deux mois.
• L’absence de majorité parlementaire sur ce texte, ayant nécessité un passage en force, par 49-3, avant même le début des débats.
• Une fronde au sein même de la majorité, allant jusqu’à déposer une motion de censure contre le gouvernement
• Des manifestations massives pendant plus de deux mois, sans affaiblissement
• Des grèves et des blocages soutenus, partout en France.

La loi travail venait surtout conclure un mandat présidentiel de reniements politiques : Entre le cadeau fiscal de 40 milliards au MEDEF, l’enterrement définitif de la taxe sur les très hauts revenus, ou encore le blocage de la loi sur la transparence fiscale, les électeurs de François Hollande ne cessaient de fustiger un “social-traître” et un faux “ennemi de la finance“.

Cette trahison politique, conjuguée à des résultats économiques catastrophiques (chômage, précarité, …) aura achevé de plonger François Hollande dans des abîmes d’impopularité, le faisant battre le triste record de président le plus impopulaire de la 5e république.

La position du gouvernement n’était donc plus tenable.

Hollande anticipe la censure du gouvernement

Après son passage au sénat, ayant tiré le texte encore plus à droite, et le nouveau 49-3 annoncé hier par Manuel Valls; une nouvelle motion de censure avait cette fois toutes les chances de passer et de provoquer la dissolution du gouvernement, et le blocage de la loi.

En retirant lui même la loi travail, François Hollande coupe ainsi l’herbe sous le pied des frondeurs, fait tomber Manuel Valls, et permet de désamorcer la spirale d’impopularité dans laquelle il s’est engluée. Stratégiquement, c’est un sans faute.

Il est pourtant difficile d’imaginer que ce revirement de dernière minute suffira à effacer, dans l’imaginaire des électeurs de gauche, la parjure de ses promesses électorales.

Fer de lance de la doctrine libérale européenne

Il est difficile de comprendre l’opportunité de ce projet de loi, qui constituait un vrai suicide politique pour François Hollande (et ne figurait pas dans son programme) sans s’intéresser au rôle de l’Union Européenne.

La loi travail découle en effet des «Grandes orientations de politique économique» (GOPÉ).
L’union Européenne le reconnait :

“Pour Jean-Claude Juncker, il se trouve que « la réforme du droit du travail voulue et imposée par le gouvernement Valls est le minimum de ce qu’il faut faire ». Le minimum seulement.”

La loi travail, en dérégulant le marché de l’emploi, s’inscrit en effet dans la doctrine de la troïka : libre échange, libéralisation, et concurrence acharnée entre les états, avec suppression progressive des protections sociales.

Il est intéressant de faire le parallèle avec l’accord de libre échange entre l’EU et l’Ukraine, rentré discrètement en vigueur au 1er janvier 2016; et de rappeler que le salaire médian Ukrainien est de 1/3 inférieur au salaire chinois.

Ainsi donc, la technocratie européenne s’affaire, d’une main, à mettre en concurrence frontale les peuples européens avec des états sans réelle protection sociale, et de l’autre, à exiger la destruction de ces acquis sociaux au nom de la “compétitivité”.

Les TPE / PME oubliées

Alors que le MEDEF, pourtant omniprésent dans les médias, peine à démontrer sa représentativité auprès des TPE/PME
des voix dissidentes n’ont pas tardé à s’élever au sein d’autres organisations patronales (l’UNAPL, l’UPA et l’UDES) pour réclamer le retrait de la loi travail

“Trois organisations patronales – l’UNAPL, l’UPA et l’UDES – lancent une campagne pour demander le retrait de la loi El Khomri. Ils lui reprochent de modifier les règles de la représentativité patronale, en privilégiant les grands groupes au détriment des TPE-PME.”

La loi travail correspond essentiellement aux aspirations du MEDEF, mais pas à celles des petits patrons : Ceux ci réclament depuis longtemps, davantage qu’une flexibilité de l’emploi, une réforme de la fiscalité professionnelle qui bénéficie aujourd’hui largement aux grands groupes, au détriment des petites entreprises.

De nombreux patrons, à l’instar de Antony Gratacos, dénoncent surtout une loi sapant les principes même de la concurrence, en permettant à chaque entreprise de jouer selon ses propres règles, et en encourageant la course au moins-disant social.

Rappelons que MEDEF avait obtenu en 2012 un cadeau fiscal de 40 milliards d’Euros. Le CICE, loin de créer le million d’emploi promis a surtout permis des augmentations de capital, dont un enrichissement personnel de Pierre Gattaz, président du MEDEF.

Manuel Valls, un fusible politique

Depuis sa nomination en mars 2014, Manuel Valls aura été le “bras droite” de François Hollande. En installant comme premier ministre un homme impopulaire et illégitime (5% aux primaires socialistes), François Hollande aura réussi un double tour de force :

• Faire appliquer une politique de droite (libérale et sécuritaire), diamétralement opposée à toutes ses promesses de campagne, mais conforme aux attentes de Bruxelles et du MEDEF.
• Se cacher derrière un bouc émissaire autoritaire, véritable paratonnerre politique, cristallisant toutes les foudres populaires.

Déchéance de nationalité, Etat d’urgence permanent, 49-3, … : Pendant son mandat, Manuel Valls n’aura pas eu d’autres choix que de céder à une dérive autoritaire : l’autorité de l’illégitimité.

Sa démission n’est pas une surprise : elle est la réponse à un véritable désaveux du chef de l’état, et correspond à une menace qu’il avait évoqué en mars dernier

Le FN absent ; un sursaut de la gauche citoyenne

Fort heureusement, le FN ne semble pas avoir profité du jeu de pyromane auquel l’exécutif s’est livré ces derniers mois.

Plus à l’aise dans les diatribes anti-système que dans la défense effective des intérêts de la classe ouvrière, le FN s’est en effet perdu dans une cacophonie politique, ne sachant plus s’il fallait draguer son aile droite, sous des injonctions sécuritaires et libérales, ou son aile ouvrière, dans une critique de la casse du droit du travail. Cette confusion se sera peu à peu transformée en silence médiatique, révélateur d’un profond malaise interne, et d’une incapacité à accompagner les luttes sociales.

A contraire, entre le phénomène Merci Patron, les Nuit Debout dans toute la France et le succès des youtubeurs de gauche (Oson Causer, Bonjour Tristesse, Usul, …) on assiste à une véritable renaissance de la gauche française. C’est bien l’électrochoc provoqué par la loi travail, fer de lance de la “social-démocratie”, qui aura permis aux français de se réapproprier l’espace politique, via des mouvements citoyens et a-partisans, pour réaffirmer la défense de leur modèle social et l’exigence d’une vraie démocratie.

Avec le retrait de la loi travail, nous assistons donc aujourd’hui à une victoire majeure de la volonté populaire face aux injonctions libérales, et à l’affirmation de nouvelles forces politiques, qui ne manqueront pas d’influencer radicalement la campagne présidentielle à venir.

La suite

François Hollande s’exprimera ce soir sur France 2 pour expliquer ce renoncement, et clarifier la suite des événements.

Après la démission de Manuel Valls, le président doit maintenant nommer un nouveau premier ministre, qui constituera à son tour un nouveau gouvernement.

François Hollande dispose d’une semaine pour faire son choix : Gageons qu’il optera pour un homme de gauche, afin de flatter son électorat et préparer le terrain pour la campagne de 2017.

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Par F.L 6 Juil 2016 22:05

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