Fukushima : le point
De plus en plus rare dans les médias, la catastrophe nucléaire de Fukushima est pourtant toujours en court. Aujourd’hui, presque deux mois après le début de l’accident, la situation des réacteurs de la centrale de Fukushima demeure « très sérieuse », comme l’écrit elle même l’AIEA.
Le bâtiment d’un réacteur exploré pour la première fois depuis l’accident
Pour la première fois depuis le séisme du 11 mars, des ouvriers sont entrés dans le bâtiment du réacteur numéro 1 de la centrale. Ces ouvriers, munis de combinaisons de protection et de bouteilles d’oxygène, doivent mettre en place un système de ventilation pour faire baisser le niveau de radioactivité.
Les travailleurs sont envoyés par l’opérateur TEPCo dans le réacteur par petits groupes, pendant une durée maximum de dix minutes, pour limiter la durée d’exposition aux radiations. La limite légale de radiations autorisées pour les hommes travaillant dans le nucléaire en temps de crise a été relevée à 250 millisieverts par an depuis l’accident de Fukushima, contre 100 auparavant.
Inquiétudes autour de la radioactivité en mer
Mardi 3 mai, Le Rainbow Warrior, vaisseau amiral de Greenpeace, a entamé des mesures sur la qualité de l’eau au large de Fukushima. Ces premiers tests, menés au sud de la centrale, visent à mesurer le niveau de contamination de la faune et la flore marine et les impacts possibles sur la chaîne alimentaire. Il s’agit d’une des dernières expéditions du Rainbow Warrior II avant le lancement du Rainbow Warrior III, prévu à l’automne.
Tepco a rendu public ses propres résultats d’analyse de sédiments marins prélevés le 29 avril, à quelques kilomètres de la centrale – précisément dans la zone où Greenpeace voulait envoyer le Rainbow Warrior. À 15 km vers le nord, Tepco a relevé 1 400 becquerels de césium 137 par kilo et 1 300 becquerels de césium 134 par kilo de sédiment. À 20 km vers le sud, il y avait 1 200 becquerels par kilo pour chacun des césium. L’opérateur a également noté une contamination en iode 131 (entre 98 et 190 becquerels par kilogramme). Dans le même temps, les autorités n’ont rien trouvé dans les sédiments à 50 km au sud de la centrale.
Tepco prétend aussi vouloir nettoyer la mer en pompant de l’eau et en la filtrant pour capter certains radioéléments. En effet, malgré le colmatage de la fuite, les niveaux de contamination restent élevés. La compagnie ne peut exclure que la centrale fuit toujours dans la mer, à un moindre niveau que par le passé. Les seules mesures disponibles actuellement concernent l’eau de mer. Pour les êtres vivant dans la mer, il faut multiplier ces valeurs par un facteur de concentration. Quelques valeurs de facteurs de concentration sont données ici sur le site de l’ACRO.
En Belgique, des traces de radioactivité « pas alarmantes » ont été retrouvées sur trois conteneurs d’un bateau provenant du Japon qui avait fait escale en Malaisie. Le bateau était parti de Yokohama, au sud de Tokyo, cinq jours après le séisme. Voir l’article du Parisien
Les relations incestueuses de l’OMS & de l’AIEA
La crédibilité des agences onusiennes, qui surveillent l’accident nucléaire au Japon, reste remise en question. Et notamment celle de l’Organisation mondiale de la santé. Une OMS soumise au bon vouloir de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et incapable d’évaluer les risques de façon indépendante. L’accord WHA 12-40 qui lie les deux institutions, ne cesse d’être dénoncé, en interne à l’OMS, par les associations de victimes du nucléaires … Lire sur Rue89 Fukushima, Tchernobyl : « L’OMS répète les chiffres de l’AIEA » target= »_blank » , et l’enquête de la TSR.
Sur le sujet, six représentants d’un collectif anti-nucléaire ont rencontré mercredi à Genève la directrice générale de l’OMS Margaret Chan. A la sortie de l’entrevue, ils regrettent de ne pas avoir pu obtenir d’engagement ferme. Les militants espèrent qu’un gouvernement mettra la catastrophe de Fukushima à l’ordre du jour de l’Assemblée mondiale de la santé, qui s’ouvre le 16 mai à Genève. L’Allemagne pourrait prendre l’initiative, mais « rien n’est sûr ». Voir l’article de la Tribune de Genève.
Un article du Asahi (version anglaise) daté du mercredi 4 mai rapporte que selon des sources gouvernementales, le montant des compensations s’élèverait à 33 milliards d’euros. Tepco devrait en prendre 50 % à sa charge. Il ne s’agit que d’une première estimation puisque la catastrophe n’est pas terminée.
En France…
Le Premier ministre a ordonné une évaluation complémentaire de toutes nos centrales. Les résultats seront rendus publics le 15 novembre prochain.
Depuis Fukushima le Conseil européen a demandé la tenue de tests de résistance aux installations nucléaires. Et le Premier ministre a commandé une évaluation complémentaire de toutes nos centrales. Parmi les risques abordés, les inondations, les séismes, la perte des alimentations électriques, ou celle des systèmes de refroidissement et surtout le cumul de deux événements comme cela s’est produit au Japon. Les exploitants devront apporter des réponses avant le 15 septembre, et l’ASN rendra son rapport le 15 novembre. Le cahier des charges a été établi la semaine dernière.
Sur le risque inondation, le délégué régional de l’ASN a affirmé que mis à part la centrale du Tricastin les installations sont parées au pire. Par exemple a déjà été testé le scénario d’une rupture de barrage du Vouglans, en amont du Bugey. Lors de l’entretien qu’il nous avait accordé en mars dernier, le préfet s’est voulu rassurant sur le risque sismique. “On a regardé centrale par centrale quel était le risque sismique le plus important). En supposant à chaque fois que l’épicentre se trouve sous la centrale, on lui a ajouté une marge de 0,5 et on a construit des centrales qui résistent à cela. Ce qui donne 6 pour la centrale du Bugey, 5,5 pour St-Alban, 5,2 pour Cruas et 5,2 pour Tricastin. Nos centrales sont construites pour résister à des tremblements de terre de cet ordre-là”…………………………