Anne Sinclair : son amour et sa fortune pour DSK
PARIS — Attitude digne et baiser fugace lancé à son mari, l’ancienne star de la télévision française Anne Sinclair s’est résolument affichée au côté de Dominique Strauss-Kahn, lui offrant dans l’adversité son amour mais aussi ses moyens financiers, immenses autant que nécessaires.
Pour lui, cette journaliste de 62 ans aux célèbres yeux bleus a abandonné une carrière brillante, subi sa réputation d’homme à femmes et déjà assumé en 2008 son écart de conduite mondialement médiatisé avec une économiste du FMI.
Brune, élégante, celle qui attirait des millions de téléspectateurs lorsqu’elle réalisait des interviews politiques sur la chaîne privée TF1, est aussi une femme fortunée.
Son argent devait servir les ambitions politiques de DSK. Il financera les conditions draconiennes de sa liberté surveillée: appartement loué à Manhattan, équipements de sécurité, caution et garantie d’un montant total de 6 millions de dollars.
Née à New York, cette petite-fille d’un riche marchand d’art juif, Paul Rosenberg, qui avait fui aux Etats-Unis devant l’avancée des nazis, est l’héritière d’une immense fortune.
“Je pense d’abord en ce moment à ma femme, que j’aime plus que tout”, a dit DSK dans le communiqué annonçant sa démission du Fonds monétaire international.
En pénétrant jeudi dans la salle du tribunal de New York, au milieu d’une forêt de caméras, droite et digne, Anne Sinclair a offert la plus vibrante des preuves d’amour à son époux accablé par les accusations de tentative de viol et agression sexuelle.
La main dans celle de la fille de DSK, Camille, elle s’efforce de ne rien laisser paraître. Seulement quelques regards vers son mari, et ce baiser furtif échangé d’un geste, à quelques mètres l’un de l’autre.
“Je ne crois pas une seule seconde aux accusations qui sont portées contre mon mari. Je ne doute pas que son innocence soit établie”, avait-elle déclaré dimanche, solide et ferme malgré l’humiliation.
“Nous nous aimons comme au premier jour”. Cette phrase, elle l’avait écrite sur son blog, lorsqu’en 2008 déjà, il avait fallu sauver l’honneur de Dominique Strauss-Kahn après son faux pas au FMI.
Même âge et même ambition, Dominique Strauss-Kahn et Anne Sinclair s’étaient épousés en 1991. Troisième mariage pour lui, père de 4 enfants. Deuxième pour elle, mère de deux fils. Elle est depuis longtemps engagée à gauche et dispose d’un réseau incomparable de relations politiques et médiatiques.
Etoile montante de la gauche, ministre depuis quelques années, il se découvre des ambitions nationales. Rapidement, elle décide de renoncer à sa carrière de journaliste de télévision, estimant avoir atteint les sommets, pour se consacrer à son mari, rêvant pour lui d’un destin présidentiel.
“C’est son combat, sa vie, donc je l’accompagne”, disait-elle au journal Le Monde en 2006.
Installé à Washington, siège du FMI, depuis 2007, le couple préparait le retour de DSK sur la scène française et s’attendait à subir de violentes attaques.
Sur son train de vie, tout d’abord: Anne Sinclair et DSK possèdent une maison à Washington estimée à 4 millions de dollars, un riad à Marrakech, et deux appartements dans des quartiers huppés de Paris.
“Je ne vais tout de même pas m’excuser parce que ma femme est riche”, confiait-il à des journalistes quelques jours avant son arrestation.
Mais déjà, la réputation sulfureuse de DSK depuis des années, son rapport trouble aux femmes, alimentaient les craintes de ses partisans. “C’est vrai que j’en ai sans doute fait un peu trop dans le passé mais cette page est tournée”, assurait-il aux journalistes de l’hebdomadaire Marianne.
Selon plusieurs journaux, Anne Sinclair a immédiatement compris dès le samedi 14 mai que l’affaire dépassait par sa magnitude tout ce qu’elle avait pu vivre. Un coup de fil laconique de DSK après l’épisode du Sofitel et pour elle, effondrée, le début d’un nouveau combat à ses côtés.
De Hervé ROUACH (AFP)