La folle équipée de Gaïa (petite nouvelle en 5 pages sur l’avènement de l’espèce humaine) Par Charli

Charli ETCHEGOYEN
Par Charli ETCHEGOYEN 29 Jan 2012 08:06

La folle équipée de Gaïa (petite nouvelle en 5 pages sur l’avènement de l’espèce humaine) Par Charli

Au début, il n’y avait Rien. Ou plutôt, oui, en y regardant de plus prêt, c’est à dire avec un bon télescope, si l’on considère qu’un télescope n’est pas tout a fait rien, mais quand même bien peu de chose au regard d’une planète. Donc il n’y avait rien, hormis ce télescope, qui nous permettait de voir que finalement, Oui, il y avait quand même quelque chose. Ce quelque chose était rond, et tout petit, mais assez grand a la fois, surtout vu depuis l’oculaire du télescope. Donc cette chose toute ronde, pouvait encore être plate, mais aussi bombée, et pourquoi pas creuse. Elle pouvait être un ovale vu sur un champ oblique, et pourquoi pas, tout simplement une boule… Là encore, le doute persistait. Car il aurait fallut s’en approcher, la dépasser, la contourner puis observer son profil, son dessous et son dessus pour en déduire sa forme générale. Ce que ne nous permettait pas son éloignement pour l’instant.

Alors vint le moment d’inventer un stratagème pour s’en rapprocher avec un autre moyen que ce télescope. Il subsistait cependant un doute sur la distance qui nous en séparait, car elle pouvait être très loin et très grosse a la fois. De là, il fallait prévoir un engin capable de voyager longtemps, et prendre le risque de ne pas y arriver si elle était vraiment très loin. Il fallait calculer un point de non retour, avec assez de carburant, pour pouvoir revenir au point de départ, dans le cas ou on n’arriverais pas a la rejoindre. Vous me direz, mais a quoi cela sert il..!! En effet, pourquoi toute ces déductions autour d’une chose qui n’apparait que minuscule au milieu d’un immense Rien, et cette curiosité de vouloir a tout prix savoir de quoi il s’agit..!! Mais il en est ainsi, la curiosité est plus forte, et l’esprit se torture pour déduire et extrapoler, des théories sur l’observation simple d’une chose différente. On pourrait se contenter du vide qui remplis tout l’espace autour, et rester vague sur ce détail insignifiant. Alors il n’y aurait ni observation, ni calcul, et encore moins l’envie de s’y rendre. Rien d’autre a voir ou a découvrir que le grand vide. Pas besoin de télescope, ni d’engin, ni de carburant. Le tout resterait à sa place, dans le grand Rien de l’espace, hormis cette toute petite chose qui captât a un moment notre attention.

Comme quoi, la moindre différence, si petite soit elle, attire, la curiosité, la réflexion, le dépassement de soit, l’ingéniosité, et une foule de calcul que l’on soupçonnait a peine avant d’en avoir fait la découverte.

Or donc, ce rond, d’une belle couleur bleu, nous inspira des idées pour s’en approcher, et en pousser l’étude. De la un nouveaux concept intervint: il s’agissait du Temps. Car avant, le temps n’avait aucune sorte d’importance, mais maintenant, il y découlait une chronologie, entre la découverte, la réflexion et l’action qui allait suivre. Quel que fut le moyen d’aller à la rencontre de la chose bleu et ronde, elle nous livrerait tout ses secrets. Toute cette diatribe n’avait que réussit a nous en persuader. Cela allait nous entrainer dans une succession d’actions, qui prendrait tout l’espace, et tout le temps. Autour de nous, le grand rien ou vide dans lequel nous étions plongés avant, n’eut plus aucune sorte d’importance, bien que lui même n’eut en aucune façon changé d’un iota. Il était simplement impermanence, et donc étranger de ce petit rond bleu.

Embarquant le télescope, à bord de notre engin, et pourvu d’une certaine quantité de carburant, nous voilà partis a l’aventure. Savoir comment ce télescope, ainsi que l’engin, et son carburant, sont ils arrivés a exister, était une question qui n’avait plus sa place, car notre préoccupation principale allait vers la découverte et les interrogations autour de cette boule. Avec l’avancée de notre astronef, et l’œil rivé sur l’oculaire du télescope, l’observation du rond bleu se faisait de plus en plus précise. Les pronostiques allèrent bon train, et suggérèrent d’autre analyses plus complexes, comme le calcul de la distance, du temps du trajet, de l’allure générale du vaisseaux, de sa consommation ainsi que la date d’arrivée probable.

Durant le trajet, on élabora l’astronef, on la rendit plus performante, on réussit a optimiser sa consommation, et avons même, accéléré sa vitesse. Avec l’observation continue, on avait déterminé qu’il s’agissait d’une boule sphérique, en faisant de savants calculs, que l’on avait réussit en changeant légèrement de trajectoire. Toute cette agitation, occupait grandement l’espace temps de notre aventure. Nous devenions la chose la plus importante de l’univers, par la recherche du calcul juste, de la précision des pronostiques, et des inventions qui se succédèrent dans un flot permanent et continu.

Une excitation grandissante et fébrile était à l’œuvre avec l’approche et la rencontre de plus en plus probable de la sphère, au fur et à mesure que la distance s’écourtait. Toute une organisation s’était mise en place, pour d’une part contrôler, diriger, et superviser l’ensemble des actions en cour. Il ne fallait pas prendre le risque de perdre le fil du temps, ou d’être simplement oisif en attendant l’évènement de la rencontre, et a tout moment suivre attentivement la progression des prévisions. Parfois de nouvelles observations, ou de nouveaux calculs modifiaient légèrement les résultats. Alors on modifiait également légèrement la trajectoire ou la vitesse, en fonction des nouvelles données.

Le télescope avait lui aussi évolué, il était maintenant devenu un appareil hyper-sophistiqué, qui permettait de voir de plus en plus de détails de la surface de la sphère. Avec la distance qui s’amenuisait, cela ouvrait a une multitude de déductions possibles. Il fallait alors beaucoup plus de temps pour passer d’une simple observation a un décorticage de tout ce qui se présentait maintenant. On enregistra les images, et créa un comité d’analyse. Il fallut embaucher du personnel, développer plus de machines, créer des systèmes hiérarchiques pour faire fonctionner tout cela dans une organisation qui permettrait d’en savoir encore plus sur les propriétés de la sphère.

Plus on s’approchait, plus on observait, plus les informations abondèrent, et plus le travail devint fastidieux. Il n’était pas question de prendre du repos, ne serait-ce que même un instant. Pour cela on avait aussi créer un comité de surveillance, qui avait pour but d’analyser, et de résoudre tout les problèmes liés a la surcharge de travail, qui par certain coté pouvait nuire a la bonne marche du vaisseau, et de ses objectifs. Bien entendu, l’astronef s’agrandit proportionnellement a cette multitude d’actions, et il fallut plus de carburant, et en général plus de tout. Parfois cela devenait un casse tête, alors il fallait user de subterfuges pour remédier a ces désagréments.

D’un coté le vaisseau, son équipage et ses installations continuait sur sa lancée, mais d’un autre, certaines failles commencèrent a se faire ressentir, et menacèrent par moment de les dérouter de leur objectifs. Parfois pour des raisons qu’ils n’arrivaient pas a déterminer a temps, telle partie ou telle autre, tombait en pane, ou menaçait d’autres secteurs de l’appareil, ou de certaines institutions. Il y avait toujours un circuit de remplacement, mais parfois, on ne trouvait aucune réponse valable. On était alors obligé de sacrifier ces équipements ou bien de destituer un groupe de travail. Il faut comprendre que l’organisation interne du vaisseau, était devenue empirique. On avait tellement rajouté de pièces, d’étages, et de machines, que l’engin svelte et spatio-dynamique du début avait perdu sa forme initiale,il était maintenant boursouflé, cahotant, et déséquilibré.

Des dysfonctionnements apparurent également dans les équipes d’observation et d’analyses des clichés et des films, car on avait équipé certains des télescopes de cameras très performantes. A l’observation, on s’aperçut que cette planète était merveilleuse. Sa surface regorgeait de beauté. Plus on s’en rapprochait, plus on en découvrait les détails. Il y avait la; des terres merveilleuses, des océans remplis d’êtres magnifiques, sur les continents, des animaux fabuleux déambulaient avec sérénité, et multitude d’oiseaux circulaient dans les airs. Les terres étaient bordées de plages de sable fin et doré, Des forets aux arbres gigantesques recouvraient certaines parties des terres émergées. Des plaines recouvertes d’herbes hautes occupaient des vallées ou des rivières se frayaient leurs chemins entre les collines, et tout cet ensemble avait l’air d’un Paradis. Évidemment ceux qui avaient la chance d’être a l’observation de ces trésors merveilleux, commencèrent a rêver. Du coup, leur travail, ou le rendement qu’on leur demandait de fournir, prit du retard. Et dans l’organisation interne du vaisseau, cela n’arrangeât pas les bureaux d’études, qui commencèrent a se plaindre du ralentissement de l’arrivée des données. Tout en haut de la hiérarchie, on commença a s’énerver, et on prit des résolutions pour y remédier. On essaya d’abord d’exiger de la part des observateurs, des quotas de production, qu’il fallait à tout prix respecter et rendre dans des délais impartis, au delà desquelles des sanctions étaient prévues.

Alors certaines des personnes en charge de ces quotas se rebellèrent. Ils formèrent des groupes d’opposants pour revendiquer le droit a la rêverie. Ils entrainèrent avec eux d’autres personnes des autres services. Une certaine pagaille commença à s’instaurer. Des manifestations s’organisèrent, et des révoltes d’insurgés prirent en main certaines parties du vaisseau. Il y eu des affrontements, car en haut lieu, on avait dut créer des soldats policiers pour contrer ces fauteurs de troubles, et tout ce petit monde commença a s’envoyer des bombes. Évidemment cela sacrifiait la bonne marche initiale de notre engin, mais il était plus important pour les dirigeants de maintenir le cap, au risque de sacrifier quelques parties du vaisseau. Les rebelles pour le coup entraînèrent avec eux encore plus de gens. Le vaisseau était maintenant divisé en 2 clans. Les ripostes devenaient sévères, et l’astronef qui brinquebalait dans l’espace, fumait de toute part. Car les explosions étaient toujours plus intenses.

Une partie des analystes, qui n’avaient pas pris part au conflit, continuèrent d’analyser les données. Ils y rajoutèrent les nouveaux éléments dus a ce chaos nouveau, et constatèrent qu’il n’y avait plus beaucoup de chance d’arriver entier sur la planète. D’abord, il fallait étudier une arrivée avec un ralentissement, car une enveloppe de gaz recouvrait toute la périphérie du globe, et vu la vitesse à laquelle le vaisseau arriverait a sa rencontre, il y avait de forte chance pour qu’il se désagrège et se consume entièrement avant de toucher le sol. Ils en firent part à leurs supérieurs. Tout en haut de la hiérarchie, un petit groupe de privilégiés se mit a cogiter pour trouver une solution au nouveau problème qui menaçait d’anéantir leur projet. Ils réalisèrent qu’il était devenu impossible de redresser la situation. Il fallait donc agir vite et bien, si on voulait sauver la mission. On décidât de laisser soldats et rebelles s’entre-tuer et on profitât du tumulte pour réaliser un module de survie bien équipé, qui aurait toute ses chances de traverser l’atmosphère de la planète pour arriver au sol en entier. Tout cela bien évidemment, dans le plus grand secret. On ordonnât a une troupe de soldats d’élites de faire barrage pour protéger cette infime secteur du vaisseau.

La dernière difficulté fut, que vu le temps qui s’amenuisait ainsi que les moyens mis à disposition des quelques scientifiques pour réaliser cette Arche ou canot de sauvetage, ils ne pouvaient concevoir que des modules à 2 places. Il fallut donc user de stratagèmes. On commanda un prototype d’urgence, et on laissa penser que l’on allait en faire plusieurs par la suite. Mais plus le conflit faisait rage, plus le vaisseau se délabrait et menaçait de se démantibuler avant même d’avoir atteint la périphérie de la planète bleu, qui occupait maintenant tout l’espace de notre champ de vision. l’accélération due a l’attraction terrestre jouait pleinement son rôle.

Le prototype fut prêt assez rapidement. Le groupe des dirigeants en commanda aussitôt une série limitée, et s’enfermèrent dans leurs retranchements avec ce premier module. Il subsistait cependant un dernier problème: Ils étaient encore trop nombreux pour les deux places unique du prototype. Quand a l’espoir de voir les autres terminés avant l’approche fatidique de la destruction du vaisseau, ils n’y croyaient plus. Il s’ensuivit des discutions acharnées, puis on en vint aux mains. Le vaisseau se mit a vibrer de toute part, car il commençait a pénétrer les premières couches de la troposphère. Dans la confusion qui régnât autour du module, tous essayèrent de s’y glisser à l’intérieur, dans un élan de survie. Un jeune couple, plus vaillant que les autres et plus malin, s’organisât spontanément. Ils assommèrent le maximum de gens, plutôt que d’essayer de se mettre dans le module. Finalement ils réussirent a supplanter tout le groupe et n’eurent que le temps de s’y enfermer, quand le vaisseau explosa en milles morceaux.

Vu de l’espace on pouvait voir ce minuscule module, avec sa trainée de fumée blanche, traverser la couche atmosphérique, en direction de la planète bleu, tel un spermatozoïde, allant a la rencontre de son ovule: Adam et Ève, c’était leurs noms, atterrirent sur une magnifique plage de sable doré que bordait une forêt encore vierge .

Charli février 2012

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