TELEPHONIE: La fin du voyage est proche pour BlackBerry

F.L
Par F.L 6 Fév 2012 06:59

TELEPHONIE: La fin du voyage est proche pour BlackBerry

La société canadienne Research In Motion, mère de la plateforme et des smartphones BlackBerry, est sans aucun doute une société qu’on peut qualifier d’historique. Il y a près de dix ans que les premiers smartphones de la marque arrivaient entre les mains des consommateurs, mêlant à la fois les fonctions de téléphone, e-mail, navigation web, etc. Spécialiste de l’e-mail et de la messagerie instantanée, BlackBerry va régner en maitre pendant de longues années dans un marché de niche.

Lundi 23 janvier, le co-fondateur de RIM BlackBerry, Mike Lazaridis, a démissionné après dix ans à la tête de la société canadienne. Le deuxième co-PDG, Jim Balsillie, le suit. Pionnière dans l’univers des smartphones, la société RIM perd ainsi ses deux PDG. Un changement radical, un électrochoc pour une entreprise au bord de la rupture.

Les derniers chiffres parlent d’eux même. Les parts de marché du BlackBerry ne cessent de fondre comme neige au soleil. Depuis un an, deux ans, plus encore diront certains, la plateforme ne parvient pas à rattraper la concurrence de l’iPhone et de Google Android dans le marché devenu hyper concurrentiel des smartphones.

Aujourd’hui, les trois principaux constructeurs de téléphones sont Nokia, Samsung et Apple. La présence d’Apple (qui ne propose qu’un seul modèle d’iPhone chaque année) dans le trio de tête montre à quel point les smartphones remplacent peu à peu les téléphones portables standards. L’absence de BlackBerry montre à quel point la société de Waterloo n’a pas su profiter de l’avènement grand public du smartphone pour s’imposer en leader.

Pour illustrer à quel point le marché des smartphones remplace peu à peu le marché des téléphones portables standards, on peut citer l’exemple de Samsung, dont la croissance de sa filiale téléphonie mobile devrait augmenter de 10% en 2012, tandis que la branche des smartphones devrait croitre de 30% à elle seule. Un virage que RIM n’a pas su prendre. Pire, aujourd’hui BlackBerry semble dépassé, has been et même les plus grand aficionados du système n’y croient plus vraiment.

Là où BlackBerry a pêché c’est dans la perte de son identité. Ce qui caractérise un BlackBerry c’est la rapidité d’usage, le vrai clavier Azerty physique, la prise en main. Or, les derniers modèles de RIM proposent un grand écran tactile, un clavier virtuel et une interface proche de celle d’un iPhone ou d’un smartphone Android. Mais si je veux un téléphone avec un grand écran tactile, pourquoi j’achèterais un BlackBerry plutôt qu’un iPhone par exemple ? Ce qui parvenait malgré tout à pousser les gens sur les téléphones BlackBerry, privés d’applications à la mode et de facteur cool, c’est le clavier. Et voilà que ce clavier n’est plus le cœur de la marque, voilà qu’il n’est même plus présent sur certains modèles.

À vouloir imiter la concurrence pour rattraper ses parts de marché perdues, la société en a oublié ses fondements, a abandonné sa base de clients fidèles et a fini par les perdre. À trop vouloir rattraper ses défauts, elle a négligé ses qualités et s’est faite rattraper sur ses arguments de vente. Aujourd’hui, plus rien ne définit, plus rien ne distingue BlackBerry.

Mais il n’y a pas que dans le monde des smartphones que RIM a échoué. Lancé l’an passé, le BlackBerry PlayBook devrait être la réponse à l’iPad d’Apple. Mis en vente sans application e-mail notamment, un comble pour BlackBerry, la tablette sera un cuisant échec commercial, à l’instar de la tablette HP TouchPad, et est aujourd’hui tristement bradée à bas prix.

Si RIM ne sait plus sur quel pied danser côté matériel, le côté logiciel n’est guère plus réjouissant. Les dernières moutures de la plateforme se parent de retouches esthétiques qui ne trompent personne : le système est vieux, dépassé et n’a pas le même attrait que ceux de la concurrence, bien plus avancés, bien plus complets, bien plus modernes.

Abandonner sa plateforme pour adopter Android ou Windows Phone, y rajouter la performance du réseau BlackBerry et se démarquer de la concurrence par des appareils différents ? Voilà une direction que le nouveau PDG, Thorsten Heins, pourrait suivre, devrait envisager. Les premières images du prétendu sauveur de BlackBerry sont plutôt séduisantes. En revanche, la société semble vouloir y installer son propre système d’exploitation, ce qui semble être un frein à son succès commercial. Le dernier exemple en date est celui de Windows Phone : une plateforme de qualité qui, avec le design Nokia et l’argent de Microsoft, commence à peine à percer, après des mois de difficultés, et le succès à long terme n’est pas encore garanti.

S’il est encore trop tôt pour juger la vision assez conservatrice de Thorsten Heins à la tête de RIM, espérons qu’il ne soit pas trop tard pour la société canadienne pour se réinventer et relever la tête. Dans quelques semaines à Barcelone, le Mobile World Congress sera l’occasion pour BlackBerry de montrer à ses investisseurs et au public qu’il a en encore dans le ventre, même si l’on se doute déjà que le combat, dans sa configuration actuelle, est perdu d’avance.

Source : La vie Digitale

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Par F.L 6 Fév 2012 06:59

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