À compter du 1er juillet, les éthylotests sont obligatoires dans les véhicules
Que dit la loi ?
Le décret du 28 février 2012 n° 2012-284 stipule qu’à compter du 1er juillet tout conducteur d’un véhicule terrestre à moteur (de plus de 50 cm3) doit avoir en sa possession un ethylotest non usagé et disponible immédiatement. 36 millions d’automobilistes ainsi que 1 à 2 millions de motards sont concernés.
L’appareil doit satisfaire aux conditions de validité, notamment sa date de péremption définie par le fabricant. Pour un éthylotest chimique, cette dernière varie de 18 à 24 mois, il faudra donc en changer tous les deux ans.
Quel appareil choisir ?
Deux grands types d’éthylotests existent : les chimiques et les électroniques, appelés aussi éthylomètres. Les premiers sont à usage unique, ce qui impose un renouvellement fréquent. En contrepartie, leur prix est nettement inférieur aux deuxièmes : un euro en moyenne (de 0,50 à 1,50 euro), contre 100 euros environ en entrée de gamme pour un éthylotest électronique. Ce dernier doit en plus subir un étalonnage annuel, faute de quoi vous êtes passible d’une amende de 11 euros.
Chimiques ou électroniques, tous les appareils doivent être homologués. C’est-à-dire, précise la Sécurité routière, soit porter un marquage NF, soit indiquer une mention de conformité certifiant qu’ils respectent une de ces normes : NF X20-702 (éthylotest chimique) ou NF X20-704 (éthylotest électronique grand public). Méfiance donc vis-à-vis des produits estampillés CE ou encore d’autres se revendiquant simplement “fabriqués en France”.
A l’heure actuelle, pour les éthylotests électroniques, dix produits seulement bénéficient de la certification NF délivrée par le Laboratoire national de métrologie et d’essais :
– Drive Safe du fabricant Alcohol countermeasure Systems ;
– Alcotest 7410/L3, Alcotest 6810/L3, Alcotest 6810/L3 du fabricant Drager Safety France SAS ;
– Alcool Alco-Sensor FST du fabricant Intoximeters ;
– SD 400F du fabricant Lion Laboratories Limited ;
– Ethylec du fabricant Objectif Prévention ;
– PX8S, CA 2000 Px.Pro, ABI 2000 Px.Pro du fabricant Pelimex.
Pour les éthylotests chimiques, seuls deux fabricants sont en mesure de proposer des produits NF : le français Contralco (références EGP0.25 l, EGP0.10 l) et le sud-africain Red Line Products (référence R1).
Où s’en procurer et à quel titre ?
A la mi-juin, 35% des automobilistes étaient équipés d’éthylotests selon la Sécurité routière. La date fatidique approchant, il est devenu difficile de trouver un éthylotest chimique, le modèle le plus réclamé. En région parisienne notamment, des enseignes comme Norauto ou Feu Vert ont été prises d’assaut. Dans les centres Feu Vert de L’Haÿ-les-Roses ou de Bezons, par exemple, livrés la semaine dernière, les stocks sont partis en une journée. Chez Norauto à Créteil, même son de cloche : “Nous étions en rupture depuis plus de 3 semaines, et lors de notre dernière livraison, tout est parti en un jour”, précise-t-on.
Même son de cloche chez plusieurs pharmaciens de la capitale. Aucun n’est en mesure de fournir des éthylotests chimiques et les dates de réapprovisionnement sont inconnues : au mieux en juillet ou en août. En cause : les difficultés d’approvisionnement face à la demande. Contralco, le principal fournisseur basé dans l’Hérault, contrôle en effet, 90% de la production et a reconnu des difficultés dès le mois de mars face à une demande croissante.
Si vous voulez malgré tout être en règle au 1er juillet, reste la piste Internet : plusieurs sites proposent des éthylotests chimiques homologués NF comme securimed.fr ou acheter-ethylotest.info. Les produits sont vendus par lots, mais pour certains il faudra être patient : les délais de livraison vont jusqu’à 5 semaines.
Que risque-t-on si on n’est pas équipé ?
Pas grand-chose en vérité : pour l’heure, les verbalisations des contrevenants n’interviendront qu’à partir du 1er novembre. Ce qui laisse quatre mois pour se mettre en conformité avec la loi, un laps de temps qui permettra aussi aux distributeurs de reconstituer leurs stocks. Après le 1er novembre, si vous n’avez toujours pas d’appareil, vous risquez une amende de 11 euros.
Faut-il remettre en cause la fiabilité des éthylotests chimiques ?
Plusieurs voix se sont déjà élevées pour remettre en cause l’efficacité des éthylotests chimiques. La ligue contre la violence routière appelle ainsi à ce que le décret soit annulé. Sa présidente, Chantal Perrichon, estime que “les principaux utilisateurs de ces éthylotests seront les conducteurs de bonne foi, alors que la population des consommateurs d’alcool, visée par ces tests, ne les utilisera pas ou dans de mauvaises conditions”. Selon elle, les éthylotests chimiques ne sont pas fiables et ne résistent pas à une exposition prolongée à des températures supérieures à 40° C ou à des températures trop basses.
Un argument repris sur BFMTV par un avocat spécialiste en droit routier qui a détecté plusieurs failles dans le système : les éthylotests ne doivent pas être conservés en deçà de 0°C et au-delà de 30°C . Autrement dit, des conditions difficilement respectables en été et en hiver, encore moins dans les départements d’outremer. Le spécialiste souligne, par ailleurs, qu’étant donné le temps de réaction nécessaire du corps à l’alcool, il est possible d’être négatif au moment de prendre le volant et positif lors d’un contrôle quelques minutes après.
Silvia Simao