Amina : Le magazine de la femme souffle ses 40 bougies
Amina a 40 ans et pas une ride. Un succès confirmé par de ferventes lectrices du magazine à Paris
En 1970, Michel de Breteuil, directeur de la publication de l’époque, s’inspire du magazine anglophone Drum consacré à l’apartheid, pour mettre au point plusieurs magazines sur les femmes noires en Afrique. En 1972, il finit par regrouper les différentes publications en une seule : Amina. Le magazine installera son siège pendant plus de trois ans au Sénégal avant de s’installer à Paris en 1975. La diffusion s’est depuis étendue au public antillais et afro-antillais des Antilles, d’Amérique et d’Europe.
Quarante ans d’existence
Cela fait quarante ans que le premier numéro de Amina est sorti et les lectrices sont toujours au rendez-vous. Nathalie de Breteuil, ancienne journaliste et aujourd’hui cogérante du magazine l’affirme, « nous devons notre succès aux femmes ! ». Le magazine, lu de par le monde, est acheminé par bateaux et avions en Afrique, mais est aussi disponible aux Antilles, en Amérique du Nord et en Europe notamment en Belgique, au Luxembourg et en Suisse. Amina se vend à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires chaque mois.
« Nous allons d’ailleurs publier un dossier spécial sur ce que pensent les femmes, leur avis sur le magazine. Nous sommes allés à la rencontre de nos lectrices qui nous ont donné leur avis sur le magazine », déclare Nathalie de Breteuil. Au mois d’avril prochain, Amina fêtera ainsi son quarantième anniversaire avec un numéro spécial.
Les raisons du succès
Amina donne la parole à toutes les femmes, « de la vendeuse de beignets au coin de la rue, à la Première Dame de la République ». C’est aussi ce qui plaît aux nombreuses lectrices du magazine. « Cela donne des exemples de femmes qui ont des projets, un vécut intéressant », nous explique Fatou. Elles s’identifient à l’image de la femme véhiculée par le mensuel, « ça encourage », déclare une des lectrices. Une autre, Khady, ajoute, « l’image me correspond, celle des femmes qui ont réussi, des femmes battantes ». « Ce qui me plaît, ce sont les parcours, proches de nous. Ça encourage à persévérer », poursuit Gladis, dans son salon de coiffure.
C’est d’ailleurs la ligne éditoriale du magazine, comme nous l’explique la co-gérante, « il s’agit de mettre en avant des réussites féminines, toutes les réussites pour qu’elles servent d’exemples. On veut donner la parole à toutes les femmes, qui ont réussi dans un domaine particulier ». Montrer des parcours de femmes « sous un jour positif, quel que soit leur domaine professionnel », c’est ce que fait Amina, depuis quarante ans.
Il n’existe pas beaucoup de magazines destinés aux femmes noires, « il y a beaucoup de magazines sur les femmes mais qui ne sont pas forcément destinés aux femmes africaines », nous rapporte Flore. Amina a été un précurseur.
La rubrique beauté, particulièrement appréciée
« J’aime la partie sur la beauté, sur les peaux noires », nous déclare Nathalie, rencontrée devant une boutique de cosmétique. Cette rubrique est celle qui semble être l’une des plus appréciées par les lectrices que nous avons rencontrées. « J’aime tout ce qui porte sur la mode, la beauté. Aussi les petites histoires, les nouvelles tenues, etc » nous rapporte Fatou. Le roman-photo semble aussi être un des grands succès du magazine.
Flore nous explique néanmoins que les grandes figures de réussites noires ne sont pas assez mises en avant, « l’élite n’est pas assez montrée, celles qui se sont battues, nos “héros”, les écrivains, les artistes. Je l’achète mais je ne m’y retrouve pas. Les lauréates, les créateurs, ceux qui représentent la “race” noire, qui pourraient motiver les jeunes du Continent, leur donner l’envie ». « Je trouve qu’il n’y a pas assez d’actualité sur les personnes de couleurs », déclare Nathalie lectrice régulière du magazine.
Le lectorat a ainsi évolué depuis la création. Ce sont principalement les jeunes qui critiquent le magazine, « j’aimerais que le magazine parle plus des jeunes, de la mode, des associations », ajoute Khady. Nathalie de Breteuil explique aussi que les attentes des lectrices ont changé, « certaines nous suivent depuis toujours. Les jeunes générations ont des attentes différentes notamment en ce qui concerne la mise en page qu’elles trouvent parfois un peu vieillotte, etc. D’ailleurs, après notre quarantième anniversaire, que nous allons fêter avec le numéro spécial du mois d’avril, nous présenterons une nouvelle maquette du magazine. Mais s’adapter n’est pas forcément très facile. On entend beaucoup de la part de nos lectrices, “c’est le magazine que lit ma mère”. Le but est de séduire en même temps la mère et la fille ».
A l’origine, un roman-photo
Du premier au treizième numéros, Amina était un roman-photo de trente-deux pages, en noir et blanc, seule la « une » et la quatrième de couverture étaient imprimées en couleurs. Nathalie de Breteuil nous raconte, « au départ, Amina était uniquement un roman-photo. On a ensuite parlé progressivement de mode, etc. ». Aujourd’hui encore, le roman-photo occupe une dizaine de pages du magazine.
Elle poursuit, « en fait, le magazine est né en 1972, et en 1975, il y a eu une conférence importante sur les femmes que nous avons couverte, ça a eu beaucoup d’écho parmi nos lectrices. Progressivement nous avons ajouté de plus en plus de rubriques, d’abord sur la santé, puis la mode de plus en plus aussi. Les rubriques se sont faites au fur et à mesure ».
Une journée dans l’année et Amina tous les mois
Pour la grande majorité des lectrices interrogées, la Journée internationale de la femme est un jour important. « C’est l’occasion de parler des femmes, les femmes qui travaillent », nous dit Gladis. Cette journée représente beaucoup de choses pour elles, « c’est important, pour parler des discriminations entre les hommes et les femmes, des efforts que font les femmes, tous les jours », rapporte Flore. Une autre lectrice, Khady, résume sa pensée, « il ne suffit pas d’une journée pour la célébrer » mais, pour Cristiane, « ce qui est important c’est leur expression, le besoin d’espace ».
C’est justement ce que Amina essaye de donner à toutes ces femmes : de l’espace. À sa création, il manquait aux femmes un magazine qui correspondait à leurs aspirations. Son objectif est d’assurer la défense et la promotion sociale des femmes, dans le contexte familial et professionnel. Amina a la volonté de représenter la femme noire dans sa globalité, dans tous les pays francophones.
Nathalie de Breteuil se réjouit, « quand on a commencé le magazine, on mettait en avant les premières femmes de toutes les professions, les premières notaires, les premières chefs d’entreprises, etc. Aujourd’hui, il y a de plus en plus de femmes qui se distinguent. Elles ont fait des enfants et continuent à innover et à être des exemples. »
Source : http://www.afrik.com