AILLEURS C’EST ICI – ST MARTEEN VU DE DEN HAAG.
Un proverbe allemand dit : « lorsque je me regarde je désespère mais lorsque je me compare, j’espère.» C’est en me le citant que l’attaché politique de la ministre des Affaires intérieures et des Relations au sein du royaume, dont relève maintenant St Marteen principalement, Madame Liesbeth Spies, m’a parlé de l’autre partie de notre île des plaisirs. En clair : lorsque les Pays-Bas scrutent la situation de St Marteen, ils se désespèrent…mais reprennent espoir en la comparant à la partie française de l’île. C’est gentil pour nous!
En fait m’explique Klaus (on gardera son vrai nom secret évidemment), dont la sœur aînée est une vieille amie (et est souvent venue me visiter à Saint-Martin), le Royaume des Pays-Bas n’est pas heureux du changement de statut intervenu il y a un an. « Nous avons hérité d’un panier de crabes alors que nous nous étions fait à l’idée que les îles des Caraïbes iraient lentement mais sûrement vers une indépendance totale. La mainmise continuelle de Curaçao sur St Marteen a tout compliqué, et nous voilà avec un beau casse-tête qui ne se résoudra que par des mesures de plus en plus dures de la métropole vers l’île. Surtout avec une coalition gouvernementale appuyée par les amis du Parti de la Liberté de Gert Wilders. Qu’on l’aime ou pas les faits sont là : il obtient presque 25 % d’appuis électoraux et les prochaines élections, je le crains, le rendront encore plus puissant. Un de leurs thèmes favoris qui touche St Marteen est : Control of uitwijzen! (Contrôle ou expulsion).» Ils traduisent aussi, il faut le reconnaître, le sentiment populaire des citoyens.
Il y aurait donc en cours, en ce moment, du côté hollandais, de multiples enquêtes sur les sorties d’argents, le ministère hollandais étant persuadé d’une corruption institutionnalisée dans l’île. Et il ne s’agit pas seulement des soupçons pesant sur Théo Heyliger. Les revenus du gouvernement sont, me dit-on, systématiquement gonflés et le tour de passe-passe consiste ensuite à gonfler les prix des travaux d’infrastructures dont un bon nombre sont factices. Chacun au passage prenant sa commission, évidemment. Mais la chose la plus consternante dont on m’a informé est la suivante : Théo Heyliger avait, en juin 2011 prétendu avoir la signature du Cirque du Soleil pour qu’il s’installe à Mulet Bay; il demandait au gouvernement hollandais une subvention de 400 000 euros! Mais le gouvernement a fait ses recherches pour en arriver à la conclusion que cela était faux. Comme j’ai personnellement vu et lu la lettre du Cirque du Soleil suite à la sollicitation de Heyliger je peux affirmer que le cirque avait émis une fin de non recevoir au côté hollandais. Mais dans la missive de Heyliger à sa métropole il était fait état « de l’appui du conseil territorial de Saint-Martin (partie française) au projet d’établissement du Cirque côté hollandais ». Ceci n’aurait rien d’étonnant pour tous ceux qui savent comment Heyliger a financé la campagne du RRR suite à une rencontre, dans ses bureaux du port de Philipsburg avec Richardson, Hanson et Arnel en novembre 2011.
Du côté de La Haye on laisse également entendre que les autorités françaises (lire : ministère de l’Outre-Mer et préfecture) ne sont pas vraiment intéressées à améliorer les coopérations qui s’imposeraient entre les deux parties de l’île. On me parle de certains flux financiers qui passeraient toujours par Saint-Martin vers un ou des partis politiques en métropole. Cela va-t-il changer avec le nouveau gouvernement socialiste? Tout citoyen français qui prend l’avion à Juliana pour Paris, ne subit aucun contrôle hormis les fouilles de sécurité : facile de transporter du fric après tout. Et comme certaines personnes bénéficient, en plus, d’un statut particulier du à leur rang lorsqu’elles atterrissent à Juliana en provenance de Miami, rien de plus facile que de faire fonctionner ce triangle d’or : Miami- Juliana-Paris. Les Néerlandais confirment également que l’île entière est une plaque tournante du trafic de drogues et, pire encore : maintenant des armes transitent aussi par l’île.
On devrait voir, dans les prochains mois, un dur resserrement des néerlandais sur St Marteen…ce qui n’améliorera en rien le développement économique de l’autre côté de l’île. Ceux qui, côté français, croient que l’argent est plus facile à faire de l’autre côté vont commencer à déchanter. Je me demande si à La Haye on n’applique pas une politique visant à susciter la révolte des St Martiners et, pourquoi pas, une sortie du Royaume. Ainsi l’épine serait retirée du pied des néerlandais. Dans tous les cas de figure la partie hollandaise a un intérêt – mesquin mais réel – commun à tous les politiciens : maintenir la partie française dans une situation économique faible. Ils ont ainsi accès à une main- d’œuvre facile et peu chère qui, de toute façon, bénéficie du côté français, de tous les avantages sociaux de la République.
Jean-Yves DUTHEL