Presse : Rue89 quitte le syndicat de la presse en ligne à la demande du Nouvel Obs
Ambiance quelque peu tendue à Rue89 pour la nouvelle année. Le pure player né en mai 2007 quitte le syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (le Spiil), fondé en octobre 2009.
La rédaction y est « contrainte et forcée » par Claude Perdriel, le patron du Nouvel Observateur, actionnaire à 100 % du site depuis décembre 2011, rapporte Daniel Schneidermann sur Arrêts sur images.
En cause, le manifeste du Spiil pour un nouvel écosystème de la presse numérique publié en octobre 2012, dont la première et principale proposition était la « suppression en trois ans des aides directes à la presse », était-il écrit.
Un système dont bénéficie le Nouvel Observateur et largement critiqué, notamment par le député PS Michel Françaix qui avait présenté fin octobre un rapport parlementaire sur l’économie de la presse dans lequel il soulignait les grandes difficultés des rédactions à s’adapter au numérique.
« L’effet d’image de cet alignement forcé sera désastreux », juge Daniel Scheidermann. Mi-décembre, Le Monde rappelait que les audiences de Rue89 étaient à la baisse depuis mai 2012 et s’étaient installées sous la barre des 2 millions de visiteurs uniques. « La ligne éditoriale est brouillée, difficile à définir », avait alors déclaré un ancien de Rue89 au Monde.
Le Spiil, dont Rue89 fut l’un des fondateurs en 2009, a pris acte de cette décision avec “un profond regret”. “Le Spiil tient à élever les plus vives protestations contre la décision de Claude Perdriel [propriétaire du Nouvel Observateur], qui s’inscrit en contradiction flagrante avec les valeurs que Le Nouvel Observateur affirme défendre”, a-t-il ajouté.
Cette décision intervient sur fond de négociations entre les éditeurs de presse et Google. Ceux-ci exigent que Google paie des droits voisins du droit d’auteur, au regard des importants bénéfices publicitaires que le géant américain réalise en se contentant de référencer leurs titres. Mais pour le Spiil, qui regroupe les sites d’information nés sur Internet, dits “pure players”, tels Mediapart, Atlantico ou Slate, une telle taxe ne tient pas compte de la spécificité d’Internet. En octobre, le Spiil avait dévoilé un manifeste dans lequel il réclamait la suppression des aides directes à la presse. Une position que ne partagent pas les éditeurs de presse.
Sources: Rue 89 / Le Monde / telerama