Petroplus: après la confusion, l’Etat cherche à rassurer les salariés
PARIS (AFP) – Le gouvernement, sous le feu des critiques de salariés de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne après la confusion sur la validité des offres de reprise, s’est défendu jeudi en assurant qu’il fallait donner du temps aux candidats pour proposer des solutions pérennes.
“On peut comprendre qu’il y ait de la tension et même parfois de la colère chez les syndicats ou chez les salariés. Nous sommes là pour essayer de trouver des solutions”, a expliqué jeudi Michel Sapin, ministre du Travail, sur Radio Classique et Public Sénat.
La direction et les administrateurs judiciaires de cette raffinerie de Seine-Maritime, menacée de fermeture depuis plus d’un an, ont annoncé mercredi que les offres de reprise déposées la veille n’étaient pas “recevables en l’état” par le tribunal de commerce de Rouen.
Les candidats devront compléter leur dossier dans les semaines qui viennent, sachant que la prolongation d’activité du site s’achève le 16 avril.
La nouvelle, tombée en plein comité d’entreprise, a fait l’effet d’une douche froide sur le site mercredi après l’espoir suscité par la remise des offres, jugées “sérieuses et financées” pour deux d’entre elles par le ministère du Redressement productif.
“Lundi, on nous dit qu’il n’y a pas grand-chose, mardi, on était vers le haut, et aujourd’hui plus rien”, a déploré le porte-parole de l’intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC, Yvan Scornet (CGT).
“On en veut un peu au gouvernement qui a beaucoup travaillé mais fait des effets d’annonce”, a déclaré de son côté Laurent Patinier, de la CFDT.
“Je comprends les organisations syndicales qui peuvent être extrêmement inquiètes”, a concédé Michel Sapin jeudi, tout en appelant à “laisser le temps du travail en profondeur et le temps du sérieux pour trouver des solutions durables”.
“Ca ne servirait à rien qu’il y ait une offre aujourd’hui, une reprise demain et des licenciements après-demain”, a-t-il défendu.
Le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici, a quant à lui a appelé les salariés à “ne pas abandonner l’espoir”, et assuré que “le gouvernement ne désarme pas”.
“Le gouvernement travaille depuis huit mois avec les salariés de Petroplus, et en toute transparence”, a fait valoir de son côté le ministère du Redressement productif.
Vincent Nicolas, syndicaliste CGT à la raffinerie, et militant PS, est également monté au créneau pour soutenir l’éxecutif, estimant sur Twitter que “taper sur le gouvernement, c’est se tromper de cible”.
Mais le futur secrétaire général de la puissante confédération, Thierry Lepaon, a déploré ce jeudi que les salariés soient “victimes d’effets d’annonce”, et réclamé un “État stratège” dans ce dossier.
Le gouvernement a en effet donné l’impression ces derniers jours de souffler le chaud et le froid, tantôt en semblant préparer les esprits à l’éventuelle absence d’un repreneur crédible, tantôt en se disant prêt à prendre une participation minoritaire pour aider à sauver le site.
Cette valse-hésitation s’expliquerait par l’incertitude qui a entouré, jusqu’à la dernière minute, la remise des différentes offres, d’après un bon connaisseur du dossier qui a requis l’anonymat.
“Le gouvernement fait son travail, et les employés le savent. Le fait qu’il y ait un délai ne veut absolument pas dire que les offres sur la table sont bidons. Si c’était le cas, les administrateurs auraient tout simplement sifflé la fin de la partie”, a-t-il expliqué à l’AFP.
La même source juge légitime que les repreneurs bénéficient d’un temps suffisant pour boucler leurs dossiers et obtenir les multiples autorisations nécessaires pour exploiter une telle usine, classée Seveso, sachant que l’un d’entre eux, NetOil, avait déjà obtenu une rallonge à un stade antérieur de la procédure.
AFP