Retour surprise de Hugo Chavez au Venezuela après plus de deux mois d’absence
CARACAS — Fidèle au culte du secret qui l’entoure depuis l’annonce de son cancer, Hugo Chavez a de nouveau créé la surprise en annonçant lundi matin via son compte Twitterson retour au Venezuela après plus de deux mois d’hospitalisation à Cuba, sans dissiper les incertitude sur son avenir politique.
Ce retour inopiné, célébré bruyamment par des partisans à Caracas et accompagné de messages de prompt rétablissement émanant de pays amis, ne permet pas pour l’heure de deviner quelle solution politique et constitutionnelle envisage le gouvernement pour assumer le pouvoir.
L’opération subie en décembre avait empêché M. Chavez de prêter serment le 10 janvier après sa réélection le 7 octobre, mais une source au Tribunal suprême de justice (TSJ) a indiqué à l’AFP qu’il était possible de procéder à l’investiture du chef de l’Etat “à tout moment” si l’équipe médicale du président donnait son feu vert.
“Nous sommes rentrés dans la Patrie vénézuélienne. Merci mon Dieu ! Merci mon peuple aimé ! Nous allons continuer le traitement ici !”, a posté le président Chavez, âgé de 58 ans et au pouvoir depuis 1999, dans les premiers messages diffusés sur son compte Twitter depuis le 1er novembre.
Après plus de deux mois d’absence et de mutisme total du président malade, opéré à La Havane le 11 décembre pour la quatrième fois depuis le diagnostic de son cancer en juin 2011, le gouvernement avait déjà démontré son sens de la mise en scène en diffusant vendredi des images de M. Chavez, souriant sur son lit d’hôpital, en compagnie de deux de ses filles, alors que certains le donnaient pour mort.
Contrairement à ce qui s’était passé pour les voyages précédents, aucune image n’a été diffusée de son retour au pays ce lundi.
“Le président et sa famille, comme il se doit, se consacrent au traitement de sa maladie, ce qui est humainement sa priorité. (Mais) que monsieur (Nicolas) Maduro (le vice-président) ne nous mente pas en répétant que (M. Chavez) +exerce ses fonctions+”, a martelé de son côté la Table de l’union démocratique (MUD, coalition d’opposition) dans un communiqué.
Sans nouvelles directes de leur dirigeant charismatique depuis son départ surprise pour Cuba le 10 décembre, les partisans du président ont, eux, manifesté leur joie lundi, sur les réseaux sociaux (il compte quatre millions de suiveurs sur Twitter !), devant l’hôpital militaire Dr Carlos Arvelo de Caracas, où Hugo Chavez a été admis sous la protection de nombreux soldats, ainsi que sur la place Bolivar, dans le centre-ville.
Devant l’hôpital, l’infirmière Adelia Lopez, 57 ans, raconte que dimanche, elle a remarqué qu’il y avait “beaucoup de restrictions” pour accéder au centre hospitalier. “Je me suis aperçue que les militaires étaient très actifs”, ajoute-t-elle, assurant qu'”ici, il est bien gardé”. Selon elle, il serait installé au neuvième étage, où il avait déjà été soigné en 2011.
Aucun des responsables vénézuéliens n’a donné de précisions sur l’état de santé du président, dont on sait seulement qu’il souffre d’un cancer dans la zone pelvienne dont il s’était affirmé guéri à plusieurs reprises et qu’il souffre encore d'”un certain degré” d’insuffisance respiratoire en raison d’une infection consécutive à sa dernière opération, qui a nécessité une trachéotomie.
Lundi après-midi, le vice-président Maduro a simplement déclaré devant la presse à l’issue d’une visite à M. Chavez que celui-ci allait “bien”, était “conscient” et “motivé”.
Au plan politique, “l’incertitude sur une éventuelle élection présidentielle anticipée demeure intacte, malgré le retour du président”, a estimé le dirigeant de l’institut d’enquête d’opinion Datanalisis, Luis Vicente Leon.
Cependant, “avec Chavez au Venezuela, le soutien émotionnel à Maduro (que M. Chavez a désigné comme dauphin politique) se renforce”, notamment parmi les catégories populaires, socle du pouvoir, ajoute l’analyste.
Selon des observateurs, trois scénarios se dessinent: une prestation de serment suivie d’une démission, ouvrant la voie à une élection anticipée dans les 30 jours, ou bien son maintien au pouvoir tant que sa santé le lui permet, voire, plus hypothétiquement, un retrait pour raison de santé avant même son investiture.
Un sondage publié lundi par Hinterlaces accorde 50% des intentions de vote au vice-président Maduro et 36% au dirigeant de l’opposition, le gouverneur Henrique Capriles, qui avait recueilli 45% des voix en octobre face au président Chavez.
AFP