Chikungunya. La première victime collatérale de l’épidémie sera le tourisme
Cela fait maintenant 20 jours que l’épidémie a débuté à Saint-Martin, 20 jours que les communiqués des services publics se font l’écho de la réalité avouable vis à vis de cette épidémie de chikungunya au titre du sacro-saint principe de précaution qui confère au système de santé français une transparence qui n’est pas forcément celle de nos voisins.
[sws_pullquote_right]Propagation du virus, où en est-on aujourd’hui ? Vraissemblablement parti d’Oyster Pond même s’il semble que dès le mois d’octobre certaines personnes aient révélé des symptômes très proches à Ance Marcel, le virus est aujourd’hui présent à Saint-Martin, Sint Maarten, en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane… tout cela en 20 jours, officiellement. [/sws_pullquote_right] Le média a dans ces cas “d’urgence” un devoir de relayer consignes et alertes, de participer en cela à une lutte contre cette épidémie dont le nom affole les béotiens : le Chikungunya. Le mot fait froid dans le dos et évoque à lui seule une maladie et des symptômes apocalyptiques dignes de la peste noir ou de la lèpre.
Naturellement, internet décloisonne la portée de la communication et là où il y a une vingtaine d’années encore l’information serait restée circonscrite, elle transpire aujourd’hui à la vitesse des réseaux.
Au bilan, l’information s’est répandue plus vite que le virus lui-même. On pourrait s’en satisfaire et considérer que cela offre l’opportunité aux territoires potentiellement concernés de travailler en amont de l’arrivée de ce virus pour en mieux maîtriser la propagation mais en fait, c’est un autre écho qui nous parvient depuis près de trois semaines : messages d’insulte, pressions à peine déguisées etc… Pourquoi ? Simplement parce que cette épidémie à Saint-Martin, en marge de ses conséquences sur la santé des individus, provoque des craintes économiques légitimes, ces conséquences pèsent sur ce tourisme qui est le centre de l’économie saint-martinoise, elles pèsent sur cette bouée de sauvetage que constitue la saison touristique pour bien des professionnels déjà aux aboies.
Sur un autre plan, et depuis que CNN a relayé l’information, des professionnels s’insurgent sur le fait que seule la partie française de l’île est stigmatisée alors que le moustique, en phase avec 1648, ne connait pas de frontière. Mais les autorités de Sint Maarten sont effectivement plus discrète sur la propagation du virus. Il faut dire que lorsque l’on connait la propension des assureurs américains à soustraire certains territoires des contrats pour cause d’insécurité ou d’insalubrité… il y a de quoi tirer la sonnette d’alarme.
Enfin, ce pan de notre société en prise directe avec l’économie générée par le tourisme s’interroge sur le pourquoi d’une telle médiatisation alors que les symptômes et effets du chikungunya ne sont pas plus terribles que ceux de la dengue et que selon eux, l’infection virale par le virus du chikungunya est moins mortifère pour l’homme que la dengue elle-même.
Les plus alarmistes prévoient déjà une saison catastrophique et, à l’instar de ce que la Réunion avait obtenu suite à l’épidémie de 2005-2006, ils se tournent déjà vers l’état pour que des compensations puissent d’ores et déjà être mise à l’étude. On sait en effet qu’à la Réunion, 10% des emplois dans le tourisme avaient à l’époque été détruits alors que cette activité ne représente pas là-bas le même pilier qu’à Saint-Martin.
Difficile communication sur le sujet, entre principe de précaution dont on sait qu’il intègre pourtant les conséquences économiques éventuelles autant que faire ce peut, réalité du terrain qui met à mal les chiffres officiels et enjeux touristiques majeurs… in fine une seule solution évidente : ne pas se faire piquer.