Saint-Martin. Communiqué de presse de Monsieur Louis Mussington, Président du MAP
A propos de la visite de Madame la Ministre
Nous tenons tout d’abord à remercier Mme la Ministre déléguée à la réussite éducative d’avoir répondu à notre invitation formulée lors de notre entretien dans son bureau en avril 2013 ; et aussi, à celle de Madame la Présidente de la C.O.M. de Saint-Martin.
En étant sur le terrain, Madame la Ministre a pu observer et se rendre compte des atouts, des potentiels, et des initiatives mises en œuvre pour favoriser la réussite scolaire et l’épanouissement de nos jeunes enfants.
Nous profitons de cette occasion pour féliciter en passant, toutes les énergies et toutes les bonnes volontés qui se sont mobilisées lors du bref passage de la Ministre.
Il est intéressant de savoir que le projet d’expérimentation des classes bilingues et en particulier la séance en classe, a beaucoup enthousiasmé la Ministre, qui n’a pas hésité à communiquer aux élus de la C.O.M sa satisfaction de voir les élèves passer d’une langue à l’autre avec aisance.
Cependant, et malgré la bonne volonté des uns et des autres, mon engagement de longue date dans le combat pour la réussite de nos jeunes, m’oblige à attirer l’attention sur les difficultés auxquelles on se heurte. Il y lieu de citer, l’échec scolaire massif qui reste endémique, et son corollaire la délinquance, menaçant de plus en plus la cohésion sociale sur le territoire.
La récente conférence de presse donnée par le Préfet et le Procureur de la République confirme une croissance incontestable du taux de délinquance, en dépit des moyens déployés pour combattre ce fléau .A ce taux élevé des actes d’incivilités, s’ajoute la situation inquiétante de la forte population carcérale originaire de Saint-Martin qui croupisse derrière les barreaux à Basse Terre.
Pour revenir au projet d’expérimentation, nous disons que même si nous pouvons partager l’enthousiasme de la Ministre, force est de constater que cet élément à lui seul ne suffira pas à inverser la tendance détestable de l’enseignement l et à ouvrir la voie du vrai développement du pays.
Il est souligné, par souci de clarté et de cohérence que le projet d’expérimentation mis en œuvre est du “déjà vu” à Saint-Martin. Sans chercher à polémiquer avec quiconque, nous avons l’impression d’un éternel recommencement. En effet, si notre mémoire est bonne, nous confirmons que ce type de projet a été mis en place en 2001-2002 dans le cadre du projet spécifique de Saint-Martin de 1999 du Recteur CHARDON. La mise en œuvre a été confiée à l’I.E.N. Madame JHIGAI, à qui nous tenons à rendre hommage pour sa perspicacité et son audace. Elle affirmait haut et fort dans un rapport que : “La pratique d’un fonctionnement bilingue nous semble incontournable. C’est en favorisant une meilleure connaissance de leur langue maternelle que nous comptons emmener nos élèves à la réussite.” Malheureusement, avec le départ de cette inspectrice, le projet est resté lettre morte. L’inspectrice qui l’a succédé a décidé de ne pas poursuivre la démarche. Le recteur d’académie en poste à l’époque, n’a pas jugé utile non plus, d’encourager la pratique. Cette illustration nous permet d’affirmer avec certitude que tant qu’il n’y aura pas une prise de décision ferme et permanente, la situation en matière d’enseignement n’évoluera pas dans ce pays.
Il existe une condition sine qua non à la mise en place d’un projet d’enseignement bilingue à Saint-Martin. Il s’agit de mettre en application la feuille de route, élaborée par le législateur dans le cadre de la Loi Organique de Saint-Martin.
L’article L.O. 6314-9 et 10 prévoit la signature d’une convention conclue entre l’Etat et la Collectivité sur les mesures d’accompagnement nécessaires, et les mesures relatives à la formation initiale et continue des enseignants.
Il est donc impératif d’envisager très rapidement un plan de recrutement et de formation d’enseignements bilingues L’organisation sur place d’un concours de recrutement d’enseignants bilingues s’impose.
L’implantation des services de l’éducation sur place, disposant de moyens matériels et humains capables d’assurer le pilotage rapproché du projet en partenariat avec la C.O.M., doit devenir une réalité.
Au regard de ces 2 points, nous disons qu’il est grand temps que les recteurs en poste à Pointe à Pitre cessent de nous faire de belles promesses qu’ils ne tiennent pas. Il faut que le recteur Monsieur Martens, décide de donner à Saint-Martin les moyens nécessaires à la réussite du plus grand nombre.
C’est le sens de l’intervention de Mme la Ministre, devant les élus de la collectivité.
Louis Mussington – Président du MAP