Vol Rio-Paris AF 447: Défaillances techniques et erreurs humaines
Le rapport d’une contre-expertise met en cause l’équipage du vol Air France lors du crash du France Rio-Paris AF 447 en juin 2009.
Dans cette enquête, Air France et Airbus sont mis en examen depuis 2011 pour homicides involontaires. “Il a été déterminé par notre collège d’experts que l’accident est dû à la perte de contrôle de l’avion suite à la réaction inappropriée de l’équipage après la perte momentanée des indications de vitesse”, écrivent les auteurs de la contre-expertise, qui dressent une liste de 14 facteurs contributifs, par ordre d’importance. Ils citent d’abord la responsabilité de l’équipage, en évoquant “l’absence d’analyse structurée de la panne présente”, “la non-compréhension de la situation” et “la répartition des tâches dans le cockpit qui n’a pas été appliquée de manière rigoureuse”.
Les experts mettent également en cause la compagnie aérienne en déplorant une “absence de directives claires de la part d’Air France malgré plusieurs cas analogues faisant suite à des givrages des sondes Pitot et donc un retour d’expérience insuffisant”. Ils pointent par ailleurs “l’insuffisance de la formation des pilotes dans l’application de la procédure IAS douteuse”, requise lors du givrage des sondes, et sur le comportement de l’avion lors de la perte des indications de vitesse.
Un premier rapport d’expertise (ci-dessous), publié en juillet 2012, concluait déjà à une« réaction inappropriée » de l’équipage, qu’il liait cependant à des défaillances techniques, liées à la perte de données due au givrage des sondes Pitot, qui mesurent la vitesse de l’avion.
Contacté par l’AFP, Me Yassine Bouzrou, un des avocats des proches des victimes, a jugé le rapport “plein de contradictions et d’imprécisions”. “Les experts se contentent de blâmer les pilotes tout en éludant la question centrale des défaillances techniques”, a-t-il réagi. Danièle Lamy, présidente de l’association de victimes Entraide et solidarité AF447, a pour sa part estimé que la contre-expertise confirmait “que les causes sont multiples et qu’elles vont bien au-delà du seul comportement des pilotes”. Pour elle, “le givrage des sondes Pitot est toujours en cause”. Ces conclusions seront présentées le 2 juillet aux parties civiles par les experts et les juges. Un procès pourrait avoir lieu d’ici un an ou deux.
Rapport final BEA du 5 Juillet 2012 (contre-expertise non disponible)